Dix voeux planétaires pour 2010

sauvons-notre-planete-150x150La tradition tolère qu’on formule des voeux de la nouvelle année jusqu’au 15 janvier. (Au-delà, on a l’air vraiment lambins.)

Donc j’en profite pour exprimer à quelques jours de l’échéance mes cinq voeux internationaux de l’an 2010, qui sont marqués au coin de l’optimisme réaliste.

1. La chute du Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et son remplacement par un présidentde compromis, acceptable à l’opposition, et annonçant une élection anticipée d’ici 2 ans. (Seul scénario réaliste de progrès).

2. Une remontée de l’emploi aux États-Unis au printemps. Pourquoi ? Selon la science politique récente, l’état de l’économie américaine à cinq mois de l’élection est la principale variable prédictive du résultat électoral. Si cela va bien, le parti au pouvoir est récompensé. Sinon, il est sanctionné. Donc, même s’il y a, comme c’est probable, rechute de l’économie et de l’emploi à l’automne, une embellie printanière permettrait à Obama de garder, c’est mon souhait, 60 sénateurs sur 100, ce qui est une condition essentielle pour effectuer des réformes progressistes aux États-Unis, et par voie de conséquence les rendre plus réalisables sur la reste de la planète.

3. Une réévaluation du Yuan. Devenus les cowboys — et les grands gagnants — du capitalisme mondial, les Chinois refusent de jouer jeu. Normalement, la force de leur économie et de leurs exportations devrait faire monter la valeur de leur devise, le Yuan. Cela rendrait les produits chinois plus chers, donc permettrait aux produits concurrents de reprendre un peu de place sur les marchés. Selon l’économiste Nobel Paul Krugman, la non-réévaluation du Yuan coutera 1,4 millions d’emplois aux États-Unis en deux ans. C’est vrai aussi, toute proportion gardée, pour nos propres emplois, et ceux du reste de la planète, y compris les pays en développement. Bref, un geste de solidarité et de développement international de la Chine serait de laisser flotter sa devise, comme tout le monde. Une réévaluation modérée, sous la pression internationale, est possible. (Voir l’analyse de l’économiste québécois Bernard Lapointe ici.)

4. La réélection de Gordon Brown au Royaume-Uni. Donné pour politiquement mort il y a quelques mois, le Premier ministre travailliste remonte péniblement la côte depuis quelques semaines, face à un parti conservateur désormais considéré comme le porte-voix du capitalisme non-réformé. Peu charismatique, Brown est l’artisan des réformes les plus progressistes de l’époque Blair et est, au G20, le porteur de plusieurs projets importants, y compris la taxe Tobin.

5. La victoire d’une équipe africaine à la Coupe du Monde de Soccer, tenue cet été en Afrique du Sud. Ce serait une première et une extraordinaire injection de fierté pour un continent qui en a bien besoin.

6. La capture d’Ossama Ben Laden. Un événement d’une grande importance s’est produit dans les derniers mois de 2009: l’armée pakistanaise, longtemps essentiellement alliée aux Talibans, a finalement décidé d’en découdre avec eux. Ce réalignement stratégique majeur augmente la pression sur Al Qaida (et précipite son déplacement vers le Yémen). Surtout, il rend plus probable la capture de Ben Laden.

7. La mise en accusation de Dick Cheney pour incitation à la torture. L’administration américaine a nommé en septembre 2009 un enquêteur spécial chargé de vérifier si la CIA a respecté les lignes directrices dans les interrogatoires musclés de présumés terroristes. John Durham, qui mène l’enquête, est considéré comme audacieux et indépendant d’esprit. Comme d’autres enquêteurs spéciaux avant lui, il pourrait déborder de son mandat initial et recommander des mises en accusation. La probabilité est faible mais non nulle.

8. Un prix Nobel posthume aux journalistes russes assassinés ces dernières années. Alors que la volonté démocratique s’étend un peu partout sur la planète on assiste, en Russie, à la principale régression démocratique mondiale. Le comité Nobel s’est beaucoup concentré sur le cas américain ces dernières années. Une grande gifle publique à Poutine serait bienvenue.

9. La victoire de Dilma Roussef aux élections brésiliennes d’octobre. Figure phare de la gauche brésilienne, progressiste pragmatique, Roussef tentera de succéder à Lula comme présidente de ce qui est devenu la seconde puissance des Amériques, après les États-Unis et avant le Canada.  Roussef prolongerait la politique de Lula, à la fois en développement social et économique, et ajouterait au G20 une femme forte.

10. Une commission d’enquête sur la corruption au Québec. Ben, quoi? Nous sommes sur la planète, non ?

Et vous, chers internautes, quels sont vos voeux ?

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !