Docteur, ne nous quitte pas, ne nous quitte pas (ter)

Vous serez nombreux ce soir à écouter Tout le monde en parle, sans doute pour mesurer avec quelle ténacité Guy A. va tarauder son invité, Gaétan Barrette, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Au nom de ses membres, il a récemment demandé des hausses de rémunération «d’au moins 4 %, voire 5 à 6 % par année», après avoir obtenu une hausse spectaculaire ces dernières années.

Je n’ai qu’un regret, que Guy A. n’ait pu, pour se préparer à l’entrevue réalisée jeudi, lire l’article publié samedi dans Le Devoir et signé Benoît Dubreuil (transparence totale: c’est un collaborateur et ami) et Christian Bordeleau (transparence totale: je ne le connais pas).

Intitulé Revendications salariales des médecins — pour mettre fin un jour au chantage, les deux universitaires dépassent le stade de la frustration pour offrir aux Québécois et au gouvernement une série de propositions qui rendraient caduque la prétention des médecins spécialistes au toujours plus.

Extrait:

Le véritable pouvoir de négociation des médecins ne vient pas du risque d’exode (largement imaginaire), mais des autres moyens de pression que peuvent exercer les médecins (dont la grève). Ce sont d’abord eux qui permettent à leurs représentants de profiter d’une pénurie artificielle pour accroître des privilèges salariaux déjà injustifiables. C’est aussi pour cela qu’il faudra un jour réduire le pouvoir des médecins dans l’économie de la santé. Le véritable enjeu ici est la formation de «super infirmières» qui auront une formation de deuxième cycle universitaire et qui pourront prendre en charge une grande partie du travail des omnipraticiens pour le tiers du coût. Cela est déjà survenu dans plusieurs provinces et surviendra nécessairement au Québec.

 

Une autre stratégie consisterait à ouvrir plus largement les portes des facultés de médecine, de manière à former beaucoup plus de médecins. Le contrôle des qualifications se ferait à la fin de la formation, comme c’est déjà le cas actuellement. À terme, l’ouverture de la formation ferait nécessairement baisser les salaires, jusqu’à ce que soit atteint un meilleur équilibre, comme c’est le cas dans les autres professions.