Documentaires. Le péril technologique jaune et des Hells sympathiques

Je dois lever mon chapeau à la production documentaire du Bureau d’Enquête de Québecor Média. J’avais déjà dit tout le bien que je pensais de l’excellente série Le dernier felquiste, et je vous recommande maintenant deux autres productions de l’équipe.

Elles datent toutes les deux du printemps, mais je les ai visionnées récemment.

La Brèche porte sur l’influence de la compagnie Huawei au Canada. Ayant assez bien suivi cette affaire, je m’attendais à être déçu. Au contraire, le jeune journaliste techno Marc-André Sabourin, qui coréalise avec Manu Chataigner, entraîne le téléspectateur non-averti dans un cheminement pédagogique mené avec compétence, puis présente au téléspectateur averti deux ou trois entrevues exclusives qui donnent de la profondeur à l’enquête. Le point de vue de Huawei est également présenté avec une certaine gouaille par un ancien conseiller de Stephen Harper devenu un de leurs cadres supérieurs.

L’angle canadien de l’affaire ne tient pas seulement à l’arrestation, sur notre sol, de la vp et fille du fondateur de Huawei. En fait, La Brèche explique clairement comment l’envol chinois puis international de Huawei est une affaire canadienne, rendu possible par le vol systématique des découvertes de la compagnie canadienne Nortel, qui jusqu’à sa chute était en pointe mondiale en télécommunications. À part l’utilisation un peu excessive de musique d’ambiance anxiogène, je recommande chaudement ce visionnement.

Sur Illico

Des Hells rendus sympathique

Je ne suis pas fasciné par l’univers des Hells et je ne tente généralement pas de suivre les épisodes judicaires entourant la guerre entre la police et les motards. C’est donc un peu à reculons que je me suis mis à l’écoute de la série La Preuve. J’ai adoré les six épisodes.

Le toujours excellent Félix Séguin et la productrice Isabelle Ouimet, auteure du Livre noir des Hells Angels font équipe pour nous expliquer principalement pourquoi la plus grande opération d’arrestation des Hells — 100 d’un coup — s’est effondrée. Et est devenu le plus grand fiasco judicaire de notre histoire.

L’exploit de la série est d’aborder un sujet horriblement compliqué et de le raconter de manière claire et, ma foi, divertissante. La présence de trois Hells racontant candidement et de l’intérieur comment ils ont vécu toute cette affaire est simplement formidable. Ce sont, clairement, des criminels. Mais à force de les entendre, on finit par les trouver sympathiques. Manque malheureusement un témoignage de la direction des poursuites criminelles, responsable du foirage. (Ce n’est pas faute d’avoir essayé.)

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !