États-Unis : vers une génération non lyrique ?

commencement-35-150x150Le printemps québécois de 2012 l’a amplement démontré: nous vivons un retour du lyrisme, de l’idéalisme, du refus des limites imposées par l’économie, les habitudes, la tradition. Une nouvelle révolution tranquille.

Chez nos voisins du Sud, est-ce le contraire? Le démographe Neil Howe a prononcé début mai devant une classe de finissants américains un discours qui détonne. Selon lui, la génération du millénaire — donc qui entre sur le marché du travail au début du 21e siècle — représente l’antithèse à la fois des boomers lyriques et de l’individualisme de la génération X.

La génération du millénaire a la capacité de corriger les excès des boomers et des X qui dirigent en ce moment l’Amérique. Je n’ai pas à vous rappeler quels sont ces excès : le refus du compromis qui conduit au blocage du leadership, l’individualisme galopant, la destruction des traditions, les guerres culturelles sans merci et une méfiance pathologique envers toutes les institutions.

Pourquoi, selon Howe, cette nouvelle génération a-t-elle des vertus curatives ?

Vous, de la génération du millénaire, avez été élevés pour être des joueurs d’équipe — et vous l’êtes, avec votre engagement communautaire, les projets de groupe dans les classes et vos clubs sur tous les sujets. Plus encore, vous êtes des joueurs d’équipe avec votre technologie numérique qui vous connecte tous sur Facebook et vos téléphones intelligents que vous gardez jusqu’à l’heure du coucher. Nous, vos parents, étions beaucoup plus axés sur la compétition, la rébellion et la mise au défi des idées conventionnelles. […] Jeunes, notre pire cauchemar était que Big Brother installe un jour des caméras dans nos chambres. Aujourd’hui, notre plus grande surprise a été de voir nos enfants se connecter entre eux en installant leurs propres caméras dans leurs propres chambres !

Vous avez des ambitions étonnamment conventionnelles. Les sondages montrent que vous souhaitez devenir de bons citoyens, de bons voisins et des gens épanouis qui ont des familles. Les taux de délinquance juvénile, de grossesse à l’adolescence et de tabagisme ont récemment connu des chutes importantes, pour lesquelles nous vous félicitons.

Finalement, à quoi pourrait donc ressembler cette nouvelle génération ? Howe n’y va pas avec le dos de la cuillère :

La génération du millénaire reprend plusieurs des éléments essentiels de la génération originale des G.I. qui ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, la «plus grande génération». Comme la génération du millénaire, la génération de la guerre avait grandi en tant qu’enfants protégés par leurs parents, puis sont devenus des adultes optimistes, des joueurs d’équipe enclins au consensus qui, dans les années noires de la crise des années 30 puis de la guerre des années 40, ont sauvé notre nation et l’ont empêchée de prendre les mauvais virages aux mauvais moments.

Wow ! Ces généralisations sont toujours sujettes à caution, évidemment. Et les théories de Neil Howe ont été critiquées dans le passé. Mais, une fois de temps en temps, il est bon de rêver que quelqu’un après nous fera beaucoup, beaucoup mieux que nous…

On peut écouter la version intégrale, en anglais, ici:

Merci à l’alertinternaute Sylvain Goulet pour ce signalement.

Ce contenu a été publié dans États-Unis par Jean-François Lisée, et étiqueté avec . Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !