C’est le candidat quasi-favori à l’investiture républicaine, Mitt Romney, qui s’est décrit ainsi, ces jours derniers, devant un parterre de conservateurs réunis à Washington.
La phrase a fait tiquer car, comme l’a indiqué un spécialiste en linguistique, Mark Liberman, de l’U de Pennsylvanie, en anglais, le mot « sévèrement » est associé aux cinq mots suivants:
Sévèrement: handicapé, déprimé, malade, limité et blessé.
À l’émission This Week, ce dimanche, le chroniqueur conservateur George Will a décrit Romney comme un touriste invité chez des gens et tentant gauchement d’utiliser leur langage.
Pourquoi ? Romney est l’ancien gouverneur de l’État du Massachussets, où même les Républicains sont considérés comme trop modérés pour le Parti républicain actuel. Sur toutes les questions importantes: avortement, assurance-maladie, il a parfois adopté des positions modérées.
Or, être modéré, aujourd’hui, dans la droite américaine, c’est être sévèrement handicapé. Politiquement, s’entend. Dans une famille politique qui croit sérieusement que Barak Obama est un socialiste (s’il avait nationalisé les banques, en 2009, comme il fallait le faire, plutôt que de leur envoyer des milliards à fonds perdu ce serait compréhensible), un ex-gouverneur du Massachussets doit démontrer qu’il a sévèrement changé d’avis.
Dans sa chronique de ce lundi matin, Paul Krugman se demande si cette déclaration de Romney n’est pas un lapsus freudien. Romney sait que son idéologie doit être sévèrement altérée pour avoir l’air conservateur.