Étudiants : la solution mongole !

Je reçois ce texte de l’ancien recteur de l’Université de Moncton, Jean-Bernard Robichaud, un spécialiste de l’éducation supérieure, en ce moment en mission en Mongolie. C’est fou ce qui se passe là-bas ! On paie les étudiants pour étudier !

La République de Mongolie assure un
revenu minimum garanti aux étudiants universitaires

La récente « Loi sur le financement de l’enseignement supérieur et les garanties sociales des étudiants », votée le 9 juillet 2011, est très progressiste et favorisera encore plus l’accessibilité aux études supérieures du baccalauréat au doctorat.

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Payés pour étudier ! On s’inscrit où ?

La loi institue une subvention pour tout citoyen de Mongolie inscrit à plein temps dans une institution d’enseignement supérieur, aux trois niveaux d’études. Cette subvention représente 50 % du salaire minimum légal. Cette subvention est d’une durée de 10 mois par année et couvre les droits de scolarité et une partie des frais de subsistance. De plus, la loi prévoit des incitatifs pour les étudiants les plus performants, variant de 50 % à 100 % de la subvention de base, selon les priorités gouvernementales. Ainsi, par exemple, un étudiant au premier cycle, avec une moyenne de 3,2 sur 4 ou plus, verra sa subvention augmenter de 50 %. Un étudiant avec une moyenne supérieure et inscrit  dans une discipline prioritaire, parce qu’en très forte demande sur le marché de  l’emploi, verra sa subvention augmentée. Il y a plusieurs incitatifs de ce genre pour encourager les meilleurs étudiants.

Un peu de contexte.  La Mongolie est enclavée entre la Chine et la Russie. C’est un pays très étendu géographiquement, mais peu peuplé,  comptant une population de trois millions d’habitants, ce qui en fait le pays le moins densément peuplé du monde. C’est aussi un pays en voie de développement, mais avec d’énormes ressources minières et un grand potentiel de développement.  Sa population universitaire atteint 180 000 étudiants en 2012, soit 6 % de sa population totale. Étant donné le niveau de développement et de revenus (35 % de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté et le revenu annuel moyen est d’environ 4 000 $,) cette performance est tout à fait remarquable, si on la compare au taux de fréquentation universitaire au Canada. Cela témoigne de la valeur que la population de Mongolie met sur l’éducation de sa jeunesse, donc sur l’avenir du pays.

Quand on réfléchit à la situation actuelle au Québec, on a l’impression d’être sur une autre planète. Je ne présente pas cette expérience de la Mongolie comme une solution pour le Québec. Mon intention est plutôt de souligner qu’il existe d’autres modèles au monde que celui préconisé par le gouvernement du Québec. Plutôt que de s’enfermer dans un positionnement idéologique rigide et ridicule, le gouvernement devrait se mettre à table avec tous les représentants étudiants et accepter un dialogue, sans pré-conditions, pour trouver une voie de sortie de crise. Il est urgent qu’il le fasse avant qu’il y ait mort d’étudiant dans les rues!

Jean-Bernard Robichaud
Ulaanbaatar, Mongolie

 

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !