Exclusif: Harper II, c’est Harper I

Ce mercredi matin dans le Globe and Mail, le chroniqueur Jeffrey Simpson se demandait si le nouveau Harper, majoritaire, serait différent du Harper précédent, minoritaire.

Il peut relaxer, être moins partisan, un peu plus homme d’État, penser à plus long terme, être moins contrôlant avec l’information gouvernementale.

Jeffrey, et tous les Canadiens, ont eu leur réponse ce mercredi.

thuedcar19co1_1276928cl-8Moins partisan ? Harper a choisi comme leader parlementaire, donc comme personne chargée de donner le ton des débats en chambre, un de ses députés les plus abrasifs, Peter van Loan.

Plus chef d’État ? Sa ministre Bev Oda s’était rendue coupable d’avoir falsifié un document et menti à la chambre, elle est reconduite à la même fonction;

Son ministre Tony Clement avait dépensé deux milliards en trois jours pendant le G20, il est promu responsable des Finances du pays — alors même qu’un rapport de la Vérificatrice générale est sur le point de le blâmer;

Moins partisan ? Harper nomme au Sénat troiscandidats conservateurs  défait, illustrant non seulement le scandale permanent que constitue cette chambre de nominations politiques, mais démontrant que lui, Harper, peut rendre ces nominations encore plus affligeantes pour le processus démocratique. Choisir immédiatement d’y nommer des gens dont les électeurs n’ont pas voulu comme représentants est un irrespect inédit de la volonté populaire;

Plus chef d’État ? Alors qu’un important différend s’annonce entre le Québec et Terre-Neuve, différend qui demandera un arbitrage de la part d’Ottawa, il nomme un député de Terre-Neuve en charge des relations fédérales-provinciales. Même Trudeau n’y avait pas pensé…

Moins contrôlant avec l’information ? Harper a choisi de faire ces annonces partisanes par voie de communiqué de presse (certains journalistes pensaient que c’était un canular), après s’être lui-même soustrait de l’obligation d’offrir quelque explication que ce soit à la presse.

Oui, Jeffrey, Harper peut relaxer. Mais dans le sens inverse de ce qui était espéré par les membres du club optimiste. Il peut désormais être aussi, sinon davantage, partisan et contrôlant qu’auparavant, car il est au pouvoir jusqu’en 2015.

Ça va être long…

Ce contenu a été publié dans Stephen Harper par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !