Facal II réplique à Lisée II en citant Lisée I — Vous nous suivez ?

facal1Je vous parlais la semaine dernière sur ce blogue de l’évolution (fulgurante) de la pensée de Joseph Facal au sujet de la souveraineté.

Ce lundi, Joseph m’a répondu dans une chronique appelée «Le poids des mots». C’est ce qu’on appelle un débat. Vif, mais courtois, comme Joseph et moi les aimons.

Alors je réponds à sa réponse:

On accuse parfois le Québec de n’avoir pas assez de débats. J’en vois au contraire partout, et je suis heureux de participer à celui que nous avons ouvert, Joseph Facal et moi, sur l’avenir de la souveraineté.

Dans mon blogue, j’ai mis en contradiction les positions de Joseph telle qu’exprimées dans son livre publié en janvier et dans des chroniques du printemps– Facal I – et celles, inverses, dont il nous a informés en septembre.

En bref : pour Facal I, la faiblesse de la souveraineté dans les sondages donne « une fausse impression de congélation ». Il n’y a, poursuit-il, « aucune raison logique de renoncer » au projet car « l’avenir reste ouvert ». Facal II écrit au contraire que le projet est « trop faible pour penser qu’on y parviendra dans un avenir proche ».

Facal II conclut maintenant qu’il faut parler de santé, d’éducation, d’endettement, car « c’est sur ces fronts que notre peuple attend une action politique vigoureuse et immédiate », plutôt que sur la question nationale. Pourtant,  Facal I semblait sur de lui en écrivant en janvier que « la question nationale n’est pas un problème à côté des autres problèmes, mais une problématique qui les traverse presque tous […]. Prétendre le contraire, c’est ne rien comprendre ou faire semblant. » Ouch!

Il a changé d’avis, c’est son droit. Mais je trouve Facal I plus convaincant que Facal II. Joseph a répondu avec beaucoup d’esprit dans sa chronique de ce lundi qu’il existait aussi un Lisée I et un Lisée II. Il a cité comme suit mon livre de 2000, Sortie de secours: Lisée I

« proposait de tenir un référendum sur les besoins pressants du Québec plutôt que sur la souveraineté. Après un OUI majoritaire, expliquait-il, des négociations s’enclencheraient avec Ottawa. Si Ottawa refusait de céder, le ressac pourrait relancer l’option souverainiste. Et si Ottawa acceptait ? Le Québec devrait alors, selon lui, signer cette constitution canadienne bonifiée.

Les souverainistes admettraient du coup que «les conditions d’un référendum gagnant sur la souveraineté ne seront pas réunies de sitôt. Une autre génération, peut-être, dans un autre contexte, voudra franchir ce pas».

 

C’est exact. Mais contrairement à Joseph qui propose de mettre au rancart la question nationale, je proposais d’y faire directement face par ce référendum sur les besoins du Québec. Si Ottawa acceptait, alors le Québec obtiendrait énormément d’autonomie pour faire les grandes réformes que Joseph appelle de ses vœux.

Si Ottawa disait non, ce qui rétrospectivement apparaît extrêmement probable tant Jean Chrétien était populaire dans le ROC en 2000, l’avenir aurait été transformé. J’ai l’extrême faiblesse de penser que si Lucien Bouchard s’était engagé dans cette voie au printemps 2000, nous serions sur le point de célébrer les 10 ans de la souveraineté du Québec.

Le « nouveau cycle historique » que je proposais aurait crevé l’abcès de la question nationale. Celui que Joseph Facal II avance maintenant ne ferait que le laisser s’envenimer.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !