Facebook 1, Patronat 0

facebook-300x151Oh ! Comme les temps sont durs pour le patronat ! (Sauf ces broutilles: les profits sont en hausse, le salaire des PDGs aussi, la taxe sur le capital a presque disparu, les coûts de production sont contenus). Mais ce n’est rien, chers amis, face à la calamité qui plombe la capacité des patrons à faire passer leurs messages.

Facebook, Twitter font une concurrence indue aux bons vieux tuyaux de communication patronaux. C’est une compétition déloyale ! Comme s’il y avait un grand marché de la prise de parole où chacun pouvait s’exprimer ! L’anarchie, quoi !

C’est le patron des patrons, Yves-Thomas Dorval du Conseil du patronat, qui l’a dit ce lundi en conférence de presse:

« Je m’attendais à ce que ce soit difficile de faire passer notre message dans la population, mais c’est devenu pire avec le temps. »

Pourquoi ? Voici comment Éric Desrosiers, du Devoir, résume la complainte du patron des patrons:

Il n’y a pas si longtemps, tous les grands débats de société se tenaient principalement dans des journaux, des postes de radio et des chaînes de télévision, a rappelé M. Dorval. Ces médias étaient soumis à des règles professionnelles et juridiques visant à assurer la rigueur, l’équilibre et la véracité des informations rapportées.

L’arrivée d’Internet a amené l’explosion de médias sociaux où l’information se fait plus personnalisée, mais aussi beaucoup moins objective, rigoureuse et fiable, estime-t-il.

Bou-hou-hou !

Pièce à conviction: le cas de l’humoriste Charest

Yves-Thomas Dorval se désole, par exemple, du sort réservé, y compris par les médias traditionnels, au « extrêmement intéressant » discours de Jean Charest de vendredi dernier.

Savez-vous quoi ? Moi qui n’y étais pas, et qui m’intéresse au Plan Nord, j’ai tenté de visionner ce discours « extrêmement intéressant ». Il n’est pas sur le site du Premier ministre, ni sur le site du PLQ, on ne trouve même pas la version écrite ! (Ni sur le site du Conseil du patronat, où j’aurais voulu visionner la conférence de presse de M. Dorval d’hier ou en lire la transcription, sans succès.)

Si quelqu’un ne fait pas son boulot sur les médias sociaux, ce ne sont pas les opposants au premier ministre et au patronat.

Ce que les opposants ont fait, cependant, est largement diffuser l’extrait idoine de M. Charest, de sorte que plus de 300 000 personnes ont pu le voir être cité hors contexte. L’info était, à mon avis, rigoureuse et fiable.

Il est vrai qu’une certaine créativité a ensuite émergé pour agrémenter cet extrait. Par exemple cette fausse pub du Directeur général des élections:

Cette vidéo n’existe plus

Ou encore cette version plus dure du décalage entre le discours et la réalité:

J’ai pour ma part péché aussi en inventant une blague de mon cru au sujet de notre Drôle de Premier ministre, qui fut lue par plus de 65 000 personnes et retransmise 19 000 fois sur Facebook.

Pour ce pauvre petit blogueur, c’est un record.

Cela, cher M. Dorval, s’appelle le libre marché des idées. Adaptez-vous ou habituez vous. Mais, de grâce, cessez de pleurnicher !

Ce contenu a été publié dans Médias par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !