Français: le retour des moutons!

mouton-150x139Ça va tellement bien pour le français à Montréal que, nous l’apprenions cette semaine, une grande institution financière anglophone, vieille d’un demi-siècle, prévoit lancer « une campagne d’affichage faisant la promotion du français dans les aires communes ».

Ce n’est pas tout, un des cadres supérieurs de l’entreprise, unilingue anglais comme il se doit, suit des cours de français et, voyez comme les temps changent: « il a des subalternes qui parlent français ».

Trêve de facéties,  la grande institution dont il est question est la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’enfant de Jean Lesage, créée tout exprès pour doter le Québec français d’un outil financier.

La dérive avait débuté sous Henri-Paul Rousseau, qui avait fait entrer au Conseil d’administration des anglos non-bilingues (contrairement aux anglos y siégeant au début, comme Eric Kierans). Un membre francophone du conseil m’avait amèrement raconté qu’une partie des discussions s’y faisait dorénavant en anglais, tous les francophones rendant service aux pauvres handicapés linguistiques anglo-américains.

On nous dira, demain, que des unilingues anglais sont embauchés à des postes de direction à Hydro et chez Desjardins et la boucle linguistique sera définitivement bouclée.

Une super campagne de l’OQLF, dentition en moins

Parlant de bouclés, notre gouvernement national débarque en mouton dans le dossier des commerces s’affichant en English only.

Imaginez, près de 35 ans après l’adoption de la Charte de la langue française, un nombre croissant de commerces oublient d’ajouter des mots français autour de leur nom anglophone.

Que faites-vous avec un enfant récalcitrant ? Voici la méthode proposée par l’OQLF.

1)      demandez poliment qu’il obéisse

2)      montez le ton

3)      ignorez le problème un certain temps

4)      demandez poliment qu’il obéisse

5)      recommencez

La grande campagne de sensibilisation de l’Office a pour thème « Respect de la loi ». L’Office va mettre à la disposition des grandes entreprises une personne ressource pour leur expliquer la loi.

Pour les plus petites entreprises, l’Office pourra débourser 75% des coûts, jusqu’à 50 000$, pour défrayer les frais liés aux changements d’affiches.

L’Office affirme être dans la conciliation, pas dans la confrontation.

La méthode OQLF appliquée à votre quoditien

Je vous suggère, chers internautes, d’appliquer ces principes la prochaine fois qu’un policier vous arrêtera pour excès de vitesse.

D’abord, dites lui que vous n’étiez pas au courant de l’existence du Code de la route. Ensuite, demandez-lui (en anglais si vous le souhaitez) le numéro de la personne avec qui vous pourriez en discuter posément.

S’il insiste pour vous donner une contravention, demandez-lui s’il accepte d’en payer 75%.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !