Grève étudiante: Quelle position de repli pour Charest?

indexLe gouvernement Charest ne négociera pas avec les étudiants. C’est une donnée, disons, brute. Mais rien ne lui interdirait d’avoir, aujourd’hui et unilatéralement, les bonnes idées qu’il aurait du avoir avant.

Je n’ai pas d’espoir qu’il reconnaisse la valeur de ma propre proposition (faire payer aux étudiants les deux tiers de la valeur réelle de leur formation — plutôt que 17% –, mais seulement si et lorsqu’ils deviendront des hauts-salariés. Dans cette hypothèse, on peut même envisager la gratuité et augmenter, plutôt que de mettre en péril, l’outil de mobilité sociale que doit être l’Université. Voir détails ici.)

Mais quelques voix bien intentionnées tentent d’attirer l’attention du gouvernement vers une position de repli.

Ce mercredi dans Le Devoir, l’ancien recteur de l’Université de Montréal, Robert Lacroix (transparence totale: c’est lui qui m’a embauché au CÉRIUM), et l’ex Doyen des études supérieures Louis Maheu y vont de deux propositions:

Le gouvernement pourrait clore l’éternel débat sur l’impact des droits de scolarité quant à l’accessibilité aux études par deux premières mesures. D’abord, la mise sur pied d’ici 18 mois d’un système de remboursement des prêts étudiants proportionnel au revenu gagné (RPR) au terme des études. Pareil remboursement ne débuterait que lorsque le revenu du diplômé aurait atteint un niveau minimum. Ce système, éprouvé dans d’autres pays, dont l’Australie, a non seulement clôt le débat sur l’accessibilité, mais a eu un impact positif et remarqué sur l’accessibilité elle-même malgré des droits de scolarité nettement plus élevés que ceux demandés au Québec.

Autre mesure: le seuil des revenus annuels des ménages pour qu’un étudiant ait à contracter un prêt dans la politique des prêts-bourses devrait être rapidement revu pour éviter de pénaliser les étudiants venant des familles de classe moyenne à plus faible revenu.

Et vendredi dernier, mon estimé collègue Alain Dubuc, écrivait ceci dans La Presse:

Mais le gouvernement Charest, sans renier ses objectifs, pourrait instaurer un mécanisme de remboursement des dettes étudiantes proportionnel au revenu des étudiants lorsqu’ils seront sur le marché du travail. Si on gagne moins, on n’est pas obligés de rembourser autant. Ça se fait avec succès dans de nombreux pays. Cela soulagerait le fardeau des étudiants les plus vulnérables et de ceux dont la carrière sera moins lucrative.

Ensuite, il pourrait moduler les frais de scolarité selon les programmes, et pourquoi pas, selon les universités. Pour que ceux dont le diplôme sera plus payant supportent des hausses plus élevées. Ce qui, là aussi, atténuerait le fardeau des plus vulnérables.

Enfin, les familles québécoises, à cause du gel, épargnent moins qu’au Canada anglais pour les études de leurs enfants. Il faudrait casser cette mauvaise habitude en mettant en place des mesures pour encourager l’épargne.

Ce serait déjà ça.