Harper attrape le virus de la panique NPD

92308-silvio-berlusconi-accueille-stephen-harper-150x150Hier soir en Ontario, Stephen Harper a fait un Gérald Larose de lui-même, en déclarant que Layton était « all smiles and snake-oil » (un vendeur de faux médicaments).  On est pas loin de « l’imposteur » évoqué par le bouillant Larose, les snake-oil salesmen étant par définition des « crapules », autre terme utilisé par l’ex-chef de la CSN.

Mais cela devait finir par arriver. La panique dans le camp Harper. Ce matin à Niagara Falls, le futur ex-premier ministre Harper a évoqué le spectre d’un gouvernement de coalition dirigé par Jack Layton.

Les Canadiens doivent comprendre combien les choix sont différents lorsque vous envisagez deux parlements:
* un avec une majorité conservatrice,
* l’autre avec un parlement minoritaire avec une coalition broche-à-foin dirigée par le NPD qui ne va pas durer mais qui va causer énormément de destruction.

En version originale :“Canadians need to understand how dramatically different the choices really are when you are looking at two Parliaments: one with a Conservative majority, the other a minority Parliament with a ramshackle coalition led by the NDP that will not last but will do a lot of destruction.”

 

Cette phrase est proprement extraordinaire. Décomposons-la:

1) Harper concède le rôle d’opposition officielle au NPD. Ignatieff a disparu.

2) Harper prédit que s’il n’est pas majoritaire lundi soir, il ne gouvernera pas. Il sera remplacé par un gouvernement de coalition dirigé par le NPD !

Dire cela, aujourd’hui, c’est préparer l’opinion à l’inévitabilité de ces événements.

Harper, réduit à convaincre ses propres électeurs de ne pas appuyer Jack !

À qui parle-t-il lorsqu’il ajoute les choses suivantes, affirmant que le NPD est anti-USA, anti-libre-échange et pro-augmentation de taxes ?

“The alternative that the opposition offers, symbolized most dramatically by the NDP, are enormous increases in government expenses, the raising of taxes, the raising of prices which we know will have a devastating effect on consumers’ pockets and ultimately on our economy and the destruction of jobs.” […]

“The NDP has been Canada’s most consistent, most vociferous and most aggressive opponent of a strong trading relationship with the United States” […].“The NDP approach to issues like trade has not changed since the Cold War. It is an ideological throwback.”

Il parle à la fois aux électeurs libéraux centristes qui glissent vers le NPD et à une partie de ses propres électeurs ontariens, tentés par les smiles and snake-oil !

Nous avons ainsi la confirmation que les sondages internes des conservateurs — de loin les plus précis de l’univers politique canadien — confirment ce que nous disent les sondages publics.

Ce contenu a été publié dans campagne 2011, Le NPD et le Québec, Stephen Harper par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !