Indignation linguistique. Le déclin européen du français

lexcessive-preponderance-de-la-langue-anglaise-anglais-predominant-europeLoin de moi l’idée de pleuvoir sur la parade francofestive en cours à Québec. Cependant je m’en voudrais de ne pas faire état d’un rapport européen publié en juin et qui donne un portrait des tendances linguistiques sur le vieux continent.

Ce n’est pas la progression de l’anglais comme langue d’interface linguistique qui choque — la chose est maintenant un fait de la réalité internationale. Non, ce qui inquiète et qui pourrait pousser certains à s’indigner est la chute concomitante des autres langues, dont le français. Comme si on était dans un jeu linguistique à somme nulle. La proportion d’Européens capables de parler le français comme langue seconde a chuté, entre 2005 et 2012, de 14% à 12%.

Voici ce que dit le rapport Les Européens et leurs langues:

Au niveau national, l’anglais et l’espagnol sont les deux seules langues étrangères parmi les cinq les plus citées qui enregistrent des hausses significatives par rapport à 2005 de proportions de répondants affirmant les parler suffisamment bien pour tenir une conversation. (Ajout: Notez qu’il s’agit de la langue seconde, y compris pour les répondants de France ou d’Espagne).

Pour l’anglais, les plus fortes hausses sont enregistrées en Autriche (+15 points à 73%), Finlande (+7 points à 70%), Lettonie (+7 points à 46%) et Lituanie (+6 points à 38%).

Pour l’espagnol, les plus fortes hausses sont enregistrées en Italie (+7 points à 11%) et en Espagne (+6 points à 16%).

En ce qui concerne le français, l’allemand et le russe, on n’observe aucune hausse importante au niveau national dans les proportions de répondants capables de tenir une conversation. Certains pays enregistrent même des baisses significatives par rapport à 2005 à cet égard.

Pour l’allemand, les baisses les plus marquantes sont enregistrées au Luxembourg (-19 points à 69%), en République tchèque (-13 points à 15%), au Danemark (-11 points à 47%), en Slovaquie (-10 points à 22%), en Slovénie (-8 points à 42%), en Hongrie (-7 points à 18%) et en Estonie (-7 points à 15%).

Pour le français, les baisses les plus importantes sont enregistrées au Luxembourg (-10 points à 80%), au Portugal (-9 points à 15%), en Roumanie (-7 points à 17%), en Bulgarie (-7 points à 2%) et à Malte (-6 points à 11%).

Pour le russe, les baisses les plus significatives sont enregistrées en Bulgarie (-12 points à 23%), en Slovaquie (-12 points à 17%), en Estonie (-10 points à 56%), en Pologne (-8 points à 18%) et en République tchèque (-7 points à 13%).

Le français est OUT, le chinois est IN, surtout pour les enfants:

Les adultes:

Les deux tiers des Européens (67%) considèrent l’anglais comme l’une des deux langues secondes les plus utiles pour eux.

Les langues considérées ensuite comme les plus utiles sont les suivantes : l’allemand (17%), le français (16%), l’espagnol (14%) et le chinois (6%).

On observe une baisse de la proportion de répondants jugeant le français important (-9 points), et de la proportion de répondants pensant que l’allemand est important pour leur développement personnel (-5 points). Les

Européens sont plus susceptibles aujourd’hui qu’en 2005 de penser que le chinois est une langue importante (+ 4 points).

Les enfants:

98% des Européens estiment que la maîtrise d’autres langues étrangères est utile pour l’avenir de leurs enfants.

Parmi les langues considérées comme utiles, le français et l’allemand sont chacun cités par 20% des Européens, l’espagnol par 16% et le chinois par 14%. Environ quatre Européens sur cinq (79%) considèrent l’anglais comme la langue la plus utile pour l’avenir des enfants.

On observe une baisse (-13 points) depuis 2005 de la proportion d’Européens qui pensent que l’apprentissage du français est important pour l’avenir de leurs enfants, et de la proportion de répondants (-8 points) qui pensent que l’apprentissage de l’allemand est important pour leurs enfants.

Si la perception de l’utilité du chinois pour le développement personnel est aujourd’hui légèrement plus répandue qu’en 2005 (+4 points), la perception concernant l’importance de l’apprentissage de cette langue pour les enfants est nettement plus répandue qu’en 2005 (+12 points).

Il me semble que la conclusion coule de source. La meilleure façon de renverser cette tendance est que la France envahisse la Chine !

Merci à l’alertinternaute Luska P. pour ce signalement

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !