Jésus aurait-il brulé le Coran ? Yes sir ! répond le révérend Jones

Plus de 200 Corans attendent le sacrifice du feu, qui aura lieu ce samedi, jour anniversaire des attentats du 11 septembre, entre 18h00 et 21h00, dans un champ de Floride. Le pasteur Terry Jones est certain que « Jésus n’aurait pas régulièrement brulé des livres, mais il aurait certainement brulé celui-là ». La question est rhétorique, le Coran n’étant apparu que 600 ans après l’ascension du Christ. Jésus y est d’ailleurs présenté très positivement.

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Photo : John Raoux / PC/AP

Le tollé est général aux États-Unis contre l’initiative du pasteur Jones, à la microscopique congrégation. Une rare conférence conjointe à Washington de leaders religieux juifs, catholiques, musulmans et évangélistes modérés lui ont lancé un appel. Ce qui est suprêmement contre-productifs car Jones les considèrent tous comme des suppots de Satan. Mais des évangélistes de sa mouvance religieuse ont également dénoncé son initiative.

Jones, conscient du tort que son geste pourra causer à la réputation des États-Unis, y compris la mise en péril de troupes américaines en terre musulmane, persiste et signe. Il priera pour que tout se passe bien.

Il vaut la peine de voir, dans ce reportage d’ABC News, le visage de l’intolérance (et de rester jusqu’à la fin quand le journaliste demande enfin à Jones s’il est dingue):

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Le geste du pasteur Jones surgit dans un contexte porteur: l’islamophobie est galopante aux États-Unis depuis quelques mois. L’affaire du Centre culturel islamique qui doit être construit à cinq coins de rues de Ground Zero a été un révélateur. Les porte-parole de droite, que le born-again George W. Bush avait réussi à contenir en défendant la foi islamique dans les jours suivant le 11 septembre, furent totalement désinhibés.

Des manifestations s’opposant à l’ouverture de Mosquées sont tenues dans plusieurs villes américaines, donc même à plusieurs milliers de kilomètres de Ground Zero, ce qui montre bien que le lieu n’a pas d’importance.

Sur Fox News, on n’hésite pas à désigner les Mosquées comme des centres terroristes. On lit sur Internet que les musulmans américains ont mis sur pied des dizaines de camps d’entrainement terroristes au pays. Et Terry Jones n’est ni le seul, ni le premier, a affirmer publiquement que l’Islam est une religion de haine.

Cette haine se combine avec celle, politique, déployée contre le « musulman » Barack Hussein Obama. Pas moins de 18% des Américains le croient tel, et 42% ne savent pas s’il l’est ou non. C’est dire…

Ce commentaire et ce reportage de l’émission satirique The Daily Show, sur la question des Mosquées, vont au coeur du sujet:

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Mieux vaux en rire…

En un sens, le révérend Jones rend service aux forces américaines de la tolérance, en incarnant par sa menace d’autodafé la conséquence logique du discours islamophobe courant. Agissant comme repoussoir, il remobilise les croyants modérés et force les promoteurs de la division à prendre position.

Ainsi, ce mercredi, à la fois le nouveau leader médiatique de la droite folle, Glenn Beck (qui a accusé Obama de  »racisme » envers les blancs) a appelé Jones à ne pas passer à l’acte. Plus important, Sarah Palin, issue du mouvement évangélique et très proche de ces milieux, a émis en soirée mercredi un message sur sa page Facebook qui constitue, pour elle, un rare éclair de lucidité:

Book burning is antithetical to American ideals. People have a constitutional right to burn a Koran if they want to, but doing so is insensitive and an unnecessary provocation – much like building a mosque at Ground Zero.

I would hope that Pastor Terry Jones and his supporters will consider the ramifications of their planned book-burning event. It will feed the fire of caustic rhetoric and appear as nothing more than mean-spirited religious intolerance. Don’t feed that fire. If your ultimate point is to prove that the Christian teachings of mercy, justice, freedom, and equality provide the foundation on which our country stands, then your tactic to prove this point is totally counter-productive.

 

Our nation was founded in part by those fleeing religious persecution. Freedom of religion is integral to our charters of liberty. We don’t need to agree with each other on theological matters, but tolerating each other without unnecessarily provoking strife is how we ensure a civil society. In this as in all things, we should remember the Golden Rule. Isn’t that what the Ground Zero mosque debate has been about?

L’épisode Jones peut encore mal tourner. Mais déjà, il réhabilite une idée jusqu’à hier moribonde dans l’Amérique évangéliste: le respect mutuel.

Post-Scriptum: Aux dernières nouvelles, le révérend s’est fait refuser son permis municipal pour tenir un feu (de haine?) sur le territoire de la municipalité. C’est parfois à ce genre de petits détails que tient le destin des hommes.