La génération X ne porte plus sa croix

14-150x150À mon avis, aucune bonne nouvelle ne doit rester non répandue. C’est pourquoi j’inaugure avec vous aujourd’hui sur ce blogue ma clé: Département des bonnes nouvelles.

Et je dois dire que je fus personnellement soulagé — ou, je le prenais personnel — de lire que les jeunes Québécois de la génération X sont enfin sortis de leur mauvaise passe pour rattraper, et parfois dépasser dans le virage, les bébéboumeurs. (J’essaie depuis des années de placer ce néologisme, bébéboumeurs, de Jacques Godbout dans mes papiers, mais mes correcteurs l’enlèvent toujours. Heureusement, ils sont moins regardants sur le blogue.) Les X sont, à la centaine près,  973 100 Québécois nés entre 1965 et 1975. Jusqu’à récemment, ils étaient considérés « génération sacrifiée ».

De retour pour de bon au travail, je tombe sur le dernier numéro de nos collègues de Jobboum et sur l’excellent papier de Marie-Hélène Proulx.  Allez la lire, mais je retiens en bref que:

* 89% des X avaient un emploi l’an dernier (donc pendant la crise), alors que lorsqu’ils avaient leur âge, les boumeurs n’étaient, en 1989, que 76% à avoir un emploi.

* Attendez, même parmi ceux qui travaillent, 90% des X ont un poste à temps plein — un énorme retournement– , alors que 83 % des boumeurs en emploi peuvent en dire autant;

* Le revenu familial disponible (donc après impôts) fait en sorte que les X ont rattrapé celui des boumeurs, à 30 000$. Il est vrai qu’ils ont un retard sur l’accumulation de richesse, compte tenu de la lenteur à accéder aux emplois;

* Il faut dire qu’ils sont beaucoup plus scolarisés (en début de carrière, et devant l’absence de débouchés, ils n’avaient que ça à se mettre sous la dent). Ils sont 28% à avoir des études universitaires, contre 14% des boumeurs lorsque ces derniers avaient leur âge. Bref, les compétents arrivent… ;

*Ainsi, ils sont moins nombreux (50%) que les boumeurs à leur âge (60%) à investir dans leur retraite.

L’important est que cette génération malmenée par l’époque de leur arrivée dans l’économie y ait finalement trouvé sa place. Les X sont aujourd’hui pleinement participants à la société québécoise. Moi qui ne me considère ni boumeur (né en 1958, je suis de ceux qui croient que le boom a duré 10 ans, de 1945 à 1955 — il y a des limites à étirer le désir de procréation contenu pendant la guerre de 39-45, puis libéré au retour de ces messieurs) ni X, j’applaudis à deux mains ce tardif mais réel succès d’intégration.

Les X ne sont plus des zéros. (Photo Jobboum)

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !