La perception de corruption: un cancer pour le Québec

corruption1C’est bien pire qu’on pouvait le penser. Certes, le refus du gouvernement Charest de tenir une commission d’enquête sur le milieu de la construction pousse la majorité des Québécois à s’interroger sur les motivations de ce refus. Cependant, on pouvait considérer le problème de la corruption comme réel, mais marginal dans l’ensemble du portrait québécois.

Or ce n’est pas ce que les Québécois pensent. Dans l’avalanche de chiffres livrés la semaine dernière par Léger Mise-en-marché (ma traduction) à l’empire Quebecor sur la question des finances publiques, les trois résultats suivants sont extrêmement préoccupants:

1) Selon vous, le travail au noir, a-t-il un impact majeur, un impact mineur ou aucun impact sur notre capacité à équilibrer les finances publiques du Québec?

Majeur: 54 %
Mineur: 33%
Aucun:     5%

2) Selon vous, la corruption a-t-elle un impact majeur, un impact mineur ou aucun impact sur notre capacité à équilibrer les finances publiques du Québec?

Majeur: 71%
Mineur: 20%
Aucun:    2%

3) Selon vous, l’évasion fiscale a-t-elle un impact majeur, un impact mineur ou aucun impact sur notre capacité à équilibrer les finances publiques du Québec?

Majeur: 76%
Mineur: 16%
Aucun:     1%

La conclusion politique est limpide: peu importe la qualité, l’audace, l’ingéniosité mise en oeuvre par le gouvernement Charest dans son prochain budget pour remettre le Québec sur la voie de l’équilibre budgétaire, la crédibilité de son plan sera nulle, s’il ne s’attaque pas frontalement à l’évasion fiscale, à la corruption et au travail au noir.

Les Québécois ont sans doute tort de penser que ces questions sont centrales pour l’assainissement des finances de l’État — du moins on le souhaite. Cependant, tant qu’ils n’auront pas le sentiment que le gouvernement lutte sérieusement contre ces trois fléaux, ils considéreront les autres avenues proposées (tarifs, taxes, etc) comme des échappatoires, ou comme des fardeaux imposés aux bons citoyens, alors que les brigands trichent, corrompent et s’évadent.

Tel un cancer qu’on croyait localisé mais qui s’étend à tout l’organisme, la question de la corruption dans la construction se propage maintenant au dossier plus englobant des finances publiques québécoises. Il enlève au gouvernement la capacité de construire un consensus tant qu’il ne s’attaque pas à la racine du mal.

Monsieur le premier ministre, je vous souhaite une bonne journée.

Ce contenu a été publié dans Corruption/Intégrité par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !