La re-conversion d’un ex-adéquiste

brien-150x150La Presse a publié ce vendredi une remarquable lettre ouverte d’un des députés les plus solides qu’il m’ait été donné de rencontrer. Pierre Brien fut député du Bloc, puis bras droit et candidat déçu de Mario Dumont. Souverainiste de centre-droit, il est une des têtes à surveiller de la génération montante. Le candidat tout désigné pour un ralliement de poids au groupe de François Legault.

Pourtant,  il écrit de son détour adéquiste que cette voie est un cul-de-sac. Extraits:

Je croyais à l’époque qu’il était possible de nous défaire de la polarisation entre souverainistes et fédéralistes, en mettant la question nationale de côté, ne serait-ce que pour un temps. Mais la réalité nous a vite rattrapés. Il suffit de regarder les résultats de l’élection partielle dans Saint-Laurent l’été dernier [circonscription anglophone où l’ADQ, pourtant appuyée par The Gazette, a mordu la poussière face au PLQ] pour constater l’attachement sans faille d’une portion importante de l’électorat fédéraliste envers le Parti libéral du Québec, pourtant plongé dans un contexte de mécontentement très élevé.

Lorsque les souverainistes avec une sensibilité de droite au niveau économique, comme c’est notre cas, délaissent le Bloc ou le Parti québécois, le seul résultat prévisible, c’est un renforcement des partis fédéralistes traditionnels. En voulant écarter la question nationale pour forcer le changement, nous n’obtenons ni l’un ni l’autre.

Il y a donc, affirme Brien, la réalité linguistico-électorale québécoise qui offre un tremplin au PLQ, quel que soit son niveau de désintégration dans l’opinion. Il y a aussi, ajoute-t-il, la donne économique fédérale, biaisée en faveur de l’Ontario même lorsque les fédéralistes sont au pouvoir à Québec:

En matière économique, c’est encore plus flagrant. J’ai vécu de très près la crise forestière qui affecte le Témiscamingue et la profonde indifférence d’Ottawa. Quand la crise financière a éclaté et que le gouvernement fédéral a injecté des milliards dans l’industrie de l’auto en Ontario, alors que nous n’avions reçu que des miettes pour la forêt, j’ai ressenti dans mes tripes la réalité qui est la nôtre au sein du Canada.

Et que dire de ce déficit de 56 milliards à Ottawa, un déficit dont nous devrons payer une part d’au moins 11 milliards, sans parler des intérêts? Qu’avons-nous obtenu en échange de cet énorme déficit qui a servi à déverser des milliards en Ontario? Cette crise fut en fait un véritable révélateur de la position précaire du Québec au sein du Canada.

Brien conclut:

C’est en toute connaissance de cause et plus convaincu que jamais de la nécessité de mettre nos énergies et nos forces à l’intérieur des partis souverainistes, que j’écris ceci. En sachant que le changement, le véritable changement, passe par notre souveraineté et par l’engagement de tous les souverainistes, de gauche comme de droite, au sein des seuls véhicules de ce changement que sont le Bloc et le PQ.

Ce contenu a été publié dans François Legault / CAQ par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !