Ma collègue et amie Antonia Maioni, de McGill, avait tout expliqué dans son texte du Globe and Mail de vendredi intitulé: The NDP’s question is the Québec question. La question du NPD est la question du Québec.
En effet, il n’existait, et n’existe, qu’un parcours crédible vers le maintien du NPD en position durable d’opposition officielle et de prétendant au pouvoir: il passe par la consolidation de ses gains québécois du 2 mai dernier.
Sans ces gains, sérieusement mis en péril ces derniers mois, le NPD redeviendrait le troisième parti du Canada. Sans Thomas Mulcair, le NPD ne pouvait conserver ces gains. Avec lui, il est possible de les conserver, du moins d’en conserver suffisamment.
Les militants hors-Québec du NPD avaient donc la tâche de comprendre cette dynamique et d’agir en conséquence. Ce n’était pas joué d’avance. Les militants libéraux fédéraux ont deux fois choisi un Québécois impopulaire au Québec — Jean Chrétien et Stéphane Dion — refusant d’écouter les signaux que leurs autres collègues québécois leur envoyaient.
Les militants néo-démocrates auraient pu, aussi, craindre une trop forte influence québécoise dans leur caucus et leur parti et vouloir faire contrepoids en élisant un candidat plus traditionnel et provenant d’ailleurs au pays. C’eut été raisonnable. C’eut été fatal pour les espoirs de pouvoir.
Pour la première fois, la semaine dernière, un premier sondage Environics mettait le NPD et les conservateurs à égalité dans l’opinion. À égalité, malgré la chute des intentions de vote au Québec, où le Bloc ressuscité talonne les néo-démocrates.
Seul Mulcair pouvait — et désormais peut — renverser la tendance québécoise. Et si elle se renverse, le NPD peut dominer les conservateurs dans l’opinion et prétendre au pouvoir aux élections de 2015.
Les larmes de Harper, Rae et Marois
Trois personnes sont tristes de savoir Thomas Mulcair chef du NPD:
– Stephen Harper, car il sait que son chef de l’opposition sera, demain, un des politiciens les plus pugnaces et les plus efficaces du pays;
– Bob Rae, car il ne pouvait compter que sur un chef néo démocrate faible pour reprendre le chemin de la croissance. Mais il a devant lui un chef fort, dont le passé libéral agira comme du miel pour les électeurs libéraux du reste du Canada. Pire, le sacre de Mulcair vient de plonger ce qui reste de libéral fédéral au Québec dans un état de léthargie prolongée. Ici, en politique fédérale, Mulcair pourra cumuler les étiquettes néo-démocrates et libérales.
– Pauline Marois, car elle qui avait depuis peu revêtu la cape de Capitaine Québec contre Stephen Harper devra maintenant la partager avec le Québécois devenu chef de l’opposition. Il aurait été de loin préférable pour le PQ et les souverainistes qu’un chef hors-Québec soit choisi.
Ah, j’oubliais. Jean Charest. Son calendrier vient de changer. M’est avis qu’il n’est plus certain de vouloir être premier ministre du Québec après octobre 2015, date de l’élection fédérale. Car si Mulcair devient premier ministre du Canada, ses relations seront pires encore qu’avec Harper.