Le meilleur texte anti-CAQ de l’année!

marceau-150x150L’existence même de la Coalition Avenir Québec repose sur deux prétentions. 1) Le Québec devrait s’enrichir avant de se poser la question de son avenir national; 2) Le Québec devrait régler ses problèmes avant de se reposer la question de la souveraineté.

Dans le meilleur texte écrit à ce jour à ce sujet (et publié dans Le Devoir de ce mercredi), l’économiste et député péquiste Nicolas Marceau met ces deux prétentions en pièces avec une limpidité quasi-déconcertante.

D’abord sur la richesse:

Tout d’abord, une évidence: un Québec souverain serait très riche. Ainsi, selon un classement établi par l’Institut de la statistique du Québec à l’aide du PIB par habitant, le Québec se situe au 28e rang sur 235 pays dans le monde en 2009, donc parmi les 12 % les plus riches. Les voisins du Québec dans ce classement sont des pays tels que le Japon (27), la France (26), le Royaume-Uni (24) ou encore la Nouvelle-Zélande (32); rien de gênant.

L’idée de la CAQ de s’enrichir encore plus avant de pouvoir devenir souverain apparaît alors absurde. Car si on accepte cette logique, les 207 pays qui nous suivent au classement seraient des imposteurs, qui devraient renoncer à leur souveraineté, le temps de s’enrichir. Ajoutons que les pays nous devançant au classement sont devenus souverains à des niveaux de richesse beaucoup plus faibles que le nôtre aujourd’hui. L’exigence caquiste d’une richesse encore plus élevée est donc sans fondement.

Ensuite, la question des « vraies affaires »:

De la même manière, l’idée caquiste qu’il faille régler nos problèmes avant de devenir souverain ne tient pas la route. Un grand nombre de pays, devant et derrière nous au classement, ont des problèmes à régler. Dans de nombreux cas, ces problèmes sont au moins aussi graves que les nôtres, et dans certains cas, ils sont bien plus graves.

Ces pays devraient-ils renoncer à leur souveraineté, le temps de régler leurs problèmes? Les nations qui ont accédé à la souveraineté à travers l’histoire l’ont-elles fait dans un moment de grâce, pendant une période où elles n’avaient aucun problème? La réponse à ces questions est évidente et on doit conclure que cette autre idée caquiste n’est pas plus convaincante.

François Legault donne souvent l’exemple de la vente d’Alcan comme exemple de ce qu’un Québec Caquiste n’aurait pas laissé faire. Marceau réplique:

On a vu ce que peut faire un pays lorsqu’Ottawa a bloqué l’achat par des intérêts étrangers de Potash Corp. de la Saskatchewan en 2010. François Legault affirme que le Québec aurait dû faire de même pour bloquer l’achat d’Alcan par des intérêts étrangers. Il s’illusionne, car pour le faire, il faut être un pays. Le Québec ne peut rien faire de tel en tant que province.

Finalement, l’économiste-député fait une courte liste des vraies affaires qu’une province du Québec dirigée par la CAQ ne pourrait pas régler… sauf en faisant la souveraineté:

la souveraineté permettra, entre autres, d’atteindre notre indépendance énergétique, de maintenir le registre des armes à feu, de traiter les jeunes contrevenants selon nos valeurs, de mieux protéger notre langue, de ne remplir qu’une seule déclaration de revenus, de donner des dents à la loi contre les monopoles, d’accroître la concurrence dans le secteur des télécommunications, de signer des traités à notre avantage, de faire entendre notre voix et nos valeurs dans les forums internationaux, ou encore de corriger les lacunes du programme d’assurance-emploi et d’y intégrer de véritables parcours de formation pour nos travailleurs.

La souveraineté permettra au Québec de se doter d’une politique industrielle axée sur ses priorités plutôt que de subir la politique canadienne avantageant largement le secteur de l’automobile ontarien et celui des hydrocarbures de l’Ouest.