Le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, en a surpris plusieurs en utilisant ce mercredi une terminologie peu fréquente dans ce ministère. Parlant de son prochain budget, il a déclaré:
«La finalité, ce n’est pas d’équilibrer le budget. La finalité, c’est d’être heureux comme peuple, d’avoir une croissance économique et de gagner à court terme, et de gagner à long terme.»
Dans son excellent carnet, Mots et maux de la politique, le journaliste Antoine Robitaille raille: «Est-ce une version québécoise de Don’t Worry, be Happy?»
Ne me comptez pas parmi les rieurs. D’abord parce que j’ai l’impression d’avoir écrit le texte. Oui, oui ! Dans la première de ma série de Lettres au ministre des Finances, la semaine dernière, j’expliquais que le retour à l’équilibre budgétaire était nécessaire, mais pas dans un calendrier qui réduirait la qualité de vie des Québécois à court et long terme. Je me cite:
Car, en fait, l’objectif de l’équilibre budgétaire n’est pas l’objectif réel. Cet équilibre est un moyen pour assurer aux Québécois une bonne qualité de vie.
Notez, je n’ai pas écrit bonheur. J’ai écrit qualité de vie. J’avoue, j’ai manqué d’ambition. Raymond Bachand a corrigé ma copie. Doit-on lui en vouloir ? Jefferson et ses amis, en 1776, ont bien écrit que l’objectif du nouvel État américain serait «la poursuite du bonheur». Pourquoi ce qui est admirable aux États-Unis serait-t-il risible au nord de la frontière ?