Le «Ministre québécois du bonheur» a raison

Le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, en a surpris plusieurs en utilisant ce mercredi une terminologie peu fréquente dans ce ministère. Parlant de son prochain budget, il a déclaré:

«La finalité, ce n’est pas d’équilibrer le budget. La finalité, c’est d’être heureux comme peuple, d’avoir une croissance économique et de gagner à court terme, et de gagner à long terme.»

Dans son excellent carnet, Mots et maux de la politique, le journaliste Antoine Robitaille raille: «Est-ce une version québécoise de Don’t Worry, be Happy

Ne me comptez pas parmi les rieurs. D’abord parce que j’ai l’impression d’avoir écrit le texte. Oui, oui ! Dans la première de ma série de Lettres au ministre des Finances, la semaine dernière, j’expliquais que le retour à l’équilibre budgétaire était nécessaire, mais pas dans un calendrier qui réduirait la qualité de vie des Québécois à court et long terme. Je me cite:

Car, en fait, l’objectif de l’équilibre budgétaire n’est pas l’objectif réel. Cet équilibre est un moyen pour assurer aux Québécois une bonne qualité de vie.

Notez, je n’ai pas écrit bonheur. J’ai écrit qualité de vie. J’avoue, j’ai manqué d’ambition. Raymond Bachand a corrigé ma copie. Doit-on lui en vouloir ? Jefferson et ses amis, en 1776, ont bien écrit que l’objectif du nouvel État américain serait «la poursuite du bonheur». Pourquoi ce qui est admirable aux États-Unis serait-t-il risible au nord de la frontière ?

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !