Le NPD et l’unilinguisme… incompréhensible!

387834-nouveau-juge-unilingue-anglophone-cour-150x150Le NPD est outré, on s’en doute bien, de la nomination à la Cour suprême d’un juge unilingue anglais. J’étais donc un peu étonné de lire ce mercredi le texte de mon collègue Raymond Giroux, du Soleil, intitulée « Le NPD nous roule dans la farine ».

Il soulevait un point — un point de détail vous me direz. Si le NPD est opposé aux juges unilingues, pourquoi son représentant au comité parlementaire chargé de recommander des candidats au premier ministre a-t-il approuvé la candidature d’un juge unilingue ?

Il suffit de poser la question au NPD, et tout s’éclaire. Voici la réponse donnée hier par la chef intérimaire, Nycole Turmel aux questions des journalistes:

Question: La réaction aux nominations des juges, nomination d’un juge qui est pas bilingue.

Nycole Turmel: Il est très regrettable que le gouvernement fédéral, le gouvernement de M. Harper n’ait pas décidé de nommer des juges complètement bilingues.  C’était l’intention.  Nous, c’est notre position  par rapport à la nomination des juges et il nous faut vraiment une loi pour s’assurer que dans l’avenir ça ne sera pas (inaudible).

Question: Le NPD, est-ce que vous avez approuvé le short list, la petite liste?

Nycole Turmel: Nous on a approuvé que la liste qui est présentée, que les personnes étaient capables d’occuper l’emploi mais il nous faut une loi qui protège le bilinguisme.

Question: Il aura fallu ne pas approuver la nomination d’un juge unilingue.

Nycole Turmel: On a présenté une liste selon les critères établis et on a présenté cette liste-là et les personnes qui sont sur la liste sont capables d’occuper l’emploi mais ne sont pas tout nécessairement bilingues.

Question: Vous auriez pu refuser.

Nycole Turmel: Présentement on a suivi les critères, comme je mentionnais, que la liste des personnes, il y avait des personnes bilingues sur la liste et la liste répondait aux critères demandés et c’est pourquoi nous allons présenter — nous voulons nous assurer que dans l’avenir le bilinguisme soit respecté.

Question: Votre position est pas un peu contradictoire?

Nycole Turmel: Non, il n’est pas contradictoire.  Nous avions des critères — il n’y a pas de loi présentement donc — et la liste — je n’ai pas vu la liste mais la liste, il y a des personnes bilingues et donc M. Harper avait le choix et la possibilité.

Chers lecteurs, je peux comprendre que les explications de la chef par interim n’épuisent pas votre volonté de comprendre. N’ayez crainte. Il faut aller à la source. Et interroger le député NPD qui était membre du comité parlementaire ayant unanimement recommandé les juges-candidats, y compris le juge unilingue, M. Joe Comartin:

Question:  Can you explain why you signed on to the list that included a judge that doesn’t have — isn’t bilingual?

Joe Comartin: No, I can’t. It’s  – I think you all know, I swore a note to not discuss at all what went on in committee. The review committee put the Supreme Court appointments, so I cannot explain how we came to the list.

Question:  But you can’t just sign on…

Question:  Mais si le comité…

Question:   Why didn’t you just back out? The party didn’t have to back – the party had sponsored a bill about bilingual judges and now you’ve got…

Joe Comartin: That’s true.

Question:  …you’re in a position that you basically tacitly endorsed it, so…

Joe Comartin: Well not tacitly, we recommended all six of the names. We stick by that, but I cannot explain how we came to those names.

Question: Monsieur Comartin, si le bilinguisme des juges était une priorité pour votre parti, on s’entend là, vous avez piloté un projet de loi là-dessus.

Joe Comartin: Oui.

Question:  C’est votre parti qui est le champion là du bilinguisme des juges de la Cour suprême.

Joe Comartin: Oui, mais c’est pour tout ça, ça, c’est tout vrai…

Question:  Pourquoi est-ce que vous, comme membre du comité, vous avez pas imposé votre veto à soumettre des noms pas bilingues?

Joe Comartin: Mais vraiment la question doit être au gouvernement fédéral. Monsieur Harper, monsieur Nicholson. Vous avez eu l’opportunité d’avoir un choix ici entre les six candidats. Pourquoi vous avez choisi quelqu’un qui peut pas parler français.

Question:  Est-il possible…

Question: Mais pourquoi vous, vous avez dit oui à quelqu’un qui pouvait par parler français?

Question: Why give them the choice?

Joe Comartin: Again, I can’t answer that.

Question: Non mais est-il possible …

Question: Pourquoi vous avez imposé votre veto?  Vous aviez le pouvoir de sortir du comité, vous avez le pouvoir…

Joe Comartin: Non, non, attends une minute.  J’ai pas un veto. On a cinq personnes sur ce comité, trois qui sont conservateurs. J’ai pas de veto du tout.

Question: Vous avez quand même dit oui, vous avez quand même dit oui à cette personne-là?

Question:  Mais vous auriez pu sortir, vous auriez pu dire non?

Joe Comartin: On avait – on a fait des recommandations, les six noms, ça c’est vrai.

Question: Est-ce que vous aviez…

Question:  We’re under the understanding that it has to be a unanimous report, that somehow – you’re saying you could have not signed on?

Joe Comartin: I could – I could have not signed on.

Question:  So why did…

Joe Comartin: Pourquoi, je peux pas…

Question:  Alors pourquoi vous avez pas…

Joe Comartin: Je peux pas – je peux pas répondre à ça sans vous expliquer qu’est-ce qui est arrivé, comment gérer les noms quand ils étaient au comité.

Question:   Donc il y a une balance…

Question:   Est-ce qu’on doit comprendre que vous deviez juger des candidatures selon les critères qui existent déjà et que le bilinguisme n’est pas un critère, est-ce que c’est ça qui s’est passé? Vous avez pas le choix d’écarter le bilinguisme comme un critère de sélection?

Joe Comartin: Donc, un des critères était de regarder les – ça doit être une femme ou un homme, la diversité des candidats et s’ils peut parler l’anglais et le français, c’est toutes des considérations qu’on était responsables de prendre. Ça c’était la direction qu’on a eue du gouvernement, de monsieur Nicholson.

Question:  Donc le bilinguisme était une direction donnée?

Joe Comartin: C’tait une des considérations, c’était une considération, pas une priorité.

Question: Well then…

Question:  C’est pas – c’est pas important…

Question:  I’ll try it this way I guess, how important is it do you think to have a judge who speaks both official languages?

Joe Comartin: Both at a personal level, as a federal politician, a member of our NDP caucus, it’s an absolute necessity. I’m not at all satisfied that we have a member going to the Supreme Court who doesn’t speak both official languages, who cannot function in both official languages.

Question: Mais vous avez dit…

Joe Comartin: That is a – that is a detriment to bilingualism in this country and it’s quite frankly a detriment to the ability of all people going before a court to be heard completely in their native tongues.

Question: Mais vous avez dit oui à cette liste-là. Donc c’est difficile pour vous de la critiquer maintenant?

Joe Comartin: Et encore, je peux pas – je peux pas vous donner une explication. C’est fait seulement, je peux pas vous (inaudible).

Question:  Now, you’re faced with a party who has – will be a participant in the committee, that asks some questions on Wednesday, so I assume you’re not going to be a part of that?

Joe Comartin: I’m in fact going to be a part of it.

Question:  You are? So that’s ridiculous, you recommend the guy and then you’re going to go there and question them on – what are you going to do, say  why aren’t you bilingual, why did you never take the time to become bilingual?

Question:  The issue – the issue is not to these two – these two people that are nominated, with regards to those types of issues. The question should be to the government of the day, why did you choose somebody who was unilingual.

Question:  So don’t you think it’s an important question to ask…

Question:  Why did you say yes?

Question:   … why didn’t you think it was important to become bilingual?

Joe Comartin: It very much is going to come out, the question will come out, why in fact he’s – he’s not bilingual, but – but that’s not where the criticism – where the questioning should be on why this decision was made this way. That’s within the hands of the prime minister and the minister of Justice.

Question:  Mais si c’est la décision du premier ministre, c’était pas une décision aussi comme parlementaire d’endosser un processus avec lequel vous étiez pas d’accord?

Joe Comartin: Non, je suis pas d’accord avec cette nomination, ça c’est vrai.

Question:  Mais pourquoi vous avez proposé cette candidature?

Question:  Mais vous avez endossé son nom sur la liste?

Joe Comartin: Encore, je peux pas répondre à ça.

Question:  Alors vous êtes pas d’accord avec la nomination, mais vous étiez d’accord avec la candidature? C’est comme ça qu’il faut qu’on résume votre positon?

Joe Comartin: C’est pas seulement la seule candidature qu’on avait sur la liste.

Question:   Non, mais cette – cette candidature…

Joe Comartin: Il y avait six nominations pour cette position.

Question:  Oui, mais cette candidature, vous étiez d’accord avec elle mais vous êtes pas d’accord avec sa nomination?

Joe Comartin: Je répète, je suis pas d’accord avec une nomination. Un candidat pour la Cour suprême de notre pays qui peut pas parler les deux langues…

Question:  Mais pourquoi vous étiez d’accord avec la candidature?

Joe Comartin: Je peux pas répondre à ça, je vais répéter, je peux pas répondre, je peux pas vous donner l’explication.

Question:  Mais vous nous dites – vous nous dites que vous avez endossé une candidature et ensuite vous n’endossez pas sa nomination?

Joe Comartin: Je suis très clair sur ça.

Question:  Est-ce que – est-ce que vous êtes d’accord que it doesn’t make sense ce que vous dites là?