Le pari risqué (perdu?) de Nicolas Sarkozy

312801_des-affiches-electorales-de-marine-le-pen-et-de-nicolas-sarkozy-le-26-avril-2012-dans-le-nord-de-la-france-300x245Jusqu’où le président Sarkozy doit-il se déporter à droite pour remonter la pente et rester président dimanche prochain ? Un sondage publié ce lundi nous donne un début de réponse. Elle n’est pas très bonne pour le Président.

C’est pourtant toute la question de l’entre-deux-tours. Et il faut dire que Sarko y met toute la gomme, annonçant ce dimanche que la question de « la frontière » sera au cœur de son hypothétique second quinquennat.

L’enjeu est le suivant: convaincre suffisamment d’électeurs du Front National de Marine Le Pen, ils étaient 19% au premier tour, de se reporter sur lui. Mme Le Pen annoncera ce mardi quelle est sa consigne, mais on comprend que l’abstention est son intérêt premier: abstention signifie échec de Sarkozy, donc droite recomposée dans laquelle Marine Le Pen aurait une place privilégiée.

Mais qu’en disent ses électeurs ? Dans le sondage LH2 Nouvel Obs, seulement 39% des votants du Front National jugent que Sarkozy est « juste comme il faut » dans son virage à droite. 29% jugent qu’il ne l’est « pas assez » (et, bizarrement, 14% trouvent qu’il l’est trop).

Bref, avec son grand virage, Sarko pourrait attirer 7 des 19 points de pourcentage de Le Pen. Comme il avait fait 27% au premier tour, on ajoute 7, cela lui donne 34 %. (Il en faut, bien sûr, 50%.)

Cependant pour gagner, Sarkozy avait besoin de presque tous les électeurs FN et de presque tous les électeurs centristes.

Mais les électeurs de François Bayrou, du centre, ne le voient pas ainsi. Il avait 9% des électeurs avec lui au premier tour. Le sondage nous informe que 45% d’entre eux estiment Sarko désormais « trop à droite ». Et que 41% le jugent « juste comme il faut ». Le président ne peut donc charmer que 4 des 9 %.

Donc 34% + 4% = 38%

Bon, c’est la base. Les 13 sondages d’intention de vote publiés depuis le premier tour donnent Hollande gagnant entre 53 et 56%, contre Sarkozy entre 44 et 47%.

Interrogés directement sur le report de leurs voix, on note qu’effectivement moins de la moitié des électeurs FN annoncent qu’ils choisissent Sarko et on note que cette proportion ne bouge pas depuis le une semaine. L’opération de charme est donc… inopérante.

Les électeurs de Bayrou, eux, sont de moins en moins enclins à voter Sarko. Ils étaient 35% (3,2 points) à penser le faire il y a une semaine… ils ne sont plus que 27% (2,4 points).

Reste le débat, de mercredi soir, pour grapiller les points qui manquent.

Je vous offre en prime un pré-débat, monté par Libération à partir des prestations séparées des deux candidats lors d’une émission diffusée ce dimanche:

 

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !