Le plagiat ordinaire

À ma connaissance, j’ai été victime de plagiat quatre fois.

* Une chroniqueuse a pompé, pour trois chroniques d’un grand quotidien anglophone, une longue entrevue que j’avais réalisée pour L’actualité, mais a cessé de me citer à la seconde chronique ;

* Un éditorialiste connu a repris, sans me citer, le condensé en trois paragraphes d’une recherche constitutionnelle qui m’avait pris une bonne journée ;

* Un pigiste inconnu a inséré dans son portrait de la ville de Chicago, mot à mot, un bon feuillet d’un texte que j’avais produit l’année précédente ;

* Un essayiste qui m’avait déjà cité deux fois dans son bouquin et en avait marre de me donner raison a été particulièrement astucieux, écrivant, « comme le dit Lisée », mais n’ouvrant pas de guillemets. Le lecteur a pensé que le paragraphe qui suivait était de moi, mais toute la page était de mon cru.

J’ai été la première fois choqué, la seconde fois déçu, la troisième et la quatrième fois amusé. L’important, c’est que les informations et les idées circulent.

Cependant j’ai lu avec intérêt dans Rue Frontenac la tranche de réel offerte par l’ex-employé de TVA Stéphane Malhomme, démissionnaire/congédié pour avoir plagié un texte de Martin Bisaillon, de Rue Frontenac pour le site du Canal Argent, texte repris ensuite par l’agence maison QMI, de Quebecor, puis dans le Journal de Montréal — dont Bisaillon est lock-outé depuis maintenant 551 jours.

Ayant été, comme Malhomme, jeune journaliste en agence, je reconnais parfaitement la pression qui fut la sienne au moment de ce plagiat. Pour mes lecteurs qui ne connaissent pas le travail-à-la-chaîne que constitue souvent le travail journalistique, il vaut la peine de lire cette lettre, que le principal intéressé a envoyé aux médias hier.

Elle est criante de vérité et établit que Malhomme est un honnête homme.

>> La lettre de Stéphane Malhomme, sur le site de Rue Frontenac.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !