Leadership: Anticosti – enfin sortir des faux-fuyants

Proposition # 10 du candidat Jean-François Lisée

La question d’Anticosti pose un véritable test de leadership et de gouvernance à tous ceux et celles qui concluent, comme moi, qu’il n’est pas dans l’intérêt écologique du Québec de procéder avec la phase d’exploration, encore moins d’exploitation, du gaz ou du pétrole de schiste sur ce lieu – et ou que ce soit sur le territoire québécois.

Véritable test, car la page d’Anticosti n’est pas blanche. On y trouve une signature : celle de l’État québécois. On ne peut pas faire comme si elle n’y était pas.

J’étais membre du gouvernement qui a apposé cette signature. Cela a été fait de bonne foi et pour des raisons honorables – et dans des conditions de prix élevé du pétrole qui pouvaient faire miroiter un gain considérable pour le trésor public.

Mais chacun a le droit de changer d’avis. C’est mon cas. En novembre 2014, lors de la précédente course à la direction, j’ai affirmé un principe qui doit, à mon avis, guider l’action du Québec sur l’exploitation de pétrole local dans la période de transition vers l’abandon des hydrocarbures comme source d’énergie : le pétrole ou le gaz exploité localement produit-il moins de gaz à effet de serre que le pétrole ou le gaz importé ? Si oui, on peut l’exploiter. Sinon, il ne doit pas en être question. Dans son action locale, le Québec doit être conséquent avec sa volonté de réduire le réchauffement climatique et non contribuer à son aggravation.

Une fois ce principe posé, le cas d’Anticosti devient limpide. Le pétrole et le gaz qu’on y trouve sont par définition plus polluants que ceux importés d’Algérie, de Mer du Nord ou de Terre-Neuve, car sortir ces hydrocarbures du schiste où ils sont emprisonnés requiert davantage d’énergie.

Mais il y a la signature de l’État québécois. Comment s’en défaire ? Il y a le modèle parfait de ce qu’on doit éviter à tout prix. Le premier ministre Philippe Couillard en a fait la démonstration, depuis un an, en multipliant les déclarations incendiaires, en foulant aux pieds la parole donnée, en salissant la réputation d’entreprises québécoises engagées de bonne foi dans cette affaire et en nuisant gravement à la réputation du Québec auprès des milieux d’affaires locaux et étrangers. (Voir une idée du dommage causé ici : http://bit.ly/PLQAnticosti .)

Le gouvernement libéral pouvait espérer que le cours normal des autorisations allait lui donner une échappatoire. Mais à partir du moment où le Premier ministre a affirmé que « les fonctionnaires vont dire ce qu’on leur dira », l’émission ou la non-émission des certificats d’autorisation environnementale devenait – comment dire? – « polluée » par son intervention politique.

Aujourd’hui, je ne suis pas le seul à être ahuri de constater que ces certificats sont émis, alors qu’on a appris dans l’intervalle qu’il faudrait 10 millions de litres d’eau pour chacun des trois puits de fracturation et que la méthode de traitement de cette eau, une fois utilisée et souillée par un cocktail toxique, reste opaque. Y a-t-il eu, de la part du ministère de l’environnement, sur-compensation ? Autrement dit, ayant pourri politiquement le dossier, le gouvernement libéral a-t-il maintenant erré dans l’autre sens, pour éviter des poursuites ? Le dossier fut si mal géré que la question est posée.

Nous sommes englués dans la gouvernance libérale jusqu’en octobre 2018 et, d’ici là, beaucoup d’eau potable aura coulé dans les puits.

Mais comme candidats à la direction du Parti québécois, la question nous est posée : que ferions-nous si, dès maintenant, nous avions la charge du gouvernement ?

Pour ma part, je refuserais tous les faux-fuyants et donnerais clairement l’heure juste. Mon gouvernement serait, pour des questions de cohérence environnementale, opposé à l’exploitation de gaz ou de pétrole de schiste où que ce soit sur son territoire. Cela inclurait bien sur Anticosti.

Puisque l’État a apposé sa signature, et a investi, dans un partenariat avec des entreprises, il devrait annoncer qu’il souhaite se retirer de ce partenariat en compensant adéquatement ses partenaires. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois qu’un nouveau gouvernement se retire d’un engagement d’un gouvernement précédent. Qu’on songe au cas de la mine Jeffrey à Asbestos ou du contrat fédéral des hélicoptères. On se retire, on négocie, on signe un chèque, on préserve la réputation de l’État.

Mais quel serait le juste prix de cette compensation? Il dépend de deux conditions. D’abord, le projet est-il rentable ? C’est plus que douteux. Ensuite, obtiendrait-il l’aval du BAPE ? Et si oui, à quelles conditions ?

C’est pourquoi il faut procéder avec ce BAPE, en déclarant : « le BAPE conclura en toute indépendance ce qu’il décidera de conclure ! »

Membre du gouvernement Marois, je peux attester que la décision finale n’était pas prise quant au moment où devait se tenir ce BAPE. Avant ou après la phase d’exploration des trois puits comportant une fracturation hydraulique ?

Premier ministre, mon gouvernement aurait la capacité de dire que le BAPE doit se tenir avant cette phase. Malheureusement, le gouvernement actuel fait en sorte que le BAPE se tienne après cette triple fracturation.

Quoi qu’il en soit, c’est sur la foi des conclusions du BAPE que nous aurons la meilleure estimation possible de la faisabilité du projet, donc des revenus ou des profits dont nos partenaires seraient privés à cause de notre décision de ne pas procéder à l’exploitation. Il n’est pas impossible que ce chiffre soit proche de zéro.

L’essentiel est de combiner deux objectifs : notre intégrité écologique, l’intégrité de la parole de l’État québécois.

Candidat au poste de chef du Parti québécois, je prends envers les Québécois et envers nos partenaires ce double engagement.

(D’autres volets de mes engagements en matière d’environnement seront dévoilés dans le cours de ma campagne.)

Vous êtes plutôt d’accord ?
Joignez-vous à ma campagne

Voici les propositions que j’ai mise de l’avant
depuis mon entrée dans la campagne, le 16 mai dernier.

Proposition #1: Chasser les libéraux. Réussir l’indépendance. Dans cet ordre.

Proposition #2: Immigration : Le chemin du succès

Proposition #3: Santé : Gel de l’enveloppe de rémunération des médecins

Proposition #4: Inégalités sociales : Un Québec riche de son équité

Proposition #5: Sièges sociaux : Miser sur la Caisse de dépôt et le développement régional

Proposition #6: Identité : La concordance culturelle

Proposition #7: Priorité PME : Moins de paperasse, plus d’entrepreneuriat

Proposition #8: Laïcité – une approche résolue et responsable

Proposition #9: Compte à rebours 2022 !

Proposition #10: Anticosti – Enfin sortir des faux-fuyants !

Proposition #11: Incarner la laïcité et l’ouverture

Proposition #12: Le pipeline Énergie Est: Pourquoi il faut dire Non et Non !

Proposition #13 : Pour un processus d’évaluation et de consultation « digne du 21e siècle »

Proposition #14 : Développement régional : rétablir les budgets et reconstruire les outils de développement dans le respect des régions

Ce contenu a été publié dans #AvecLisée, Environnement par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

2 avis sur « Leadership: Anticosti – enfin sortir des faux-fuyants »

  1. Quelle est votre position sur Old Harry? Comme le remplacement du pétrole ne se fera pas avant au moins quelques générations. comment proposez-vous de réduire à court et moyen terme notre dépense de 12-15 milliards en importation de pétrole si nous refusons d’exploiter notre propre pétrole?

  2. Je souhaite que M. Lisée n’appuie pas le projet Energie-Est. Cela serait logique dans la foulée de ce qu’il indique au sujet de cet autre dossier (Anticosti). J’ai déjà donné mon appui à M. Lisée, mais s’il devait appuyer Énergie-Est, je le retirerais.

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