L’économie va super bien : pour le 1 %

Pendant l’été, quelques billets de blogue choisis, en rappel.

26rattner-graphic-popupCessez de vous en faire avec  la crise, un récent calcul du partage des revenus annuels le démontre : le 1 % de la population américaine peut enfin respirer.

Comme vous le savez sans doute, 1 % des Américains avaient réussi, en 2007, à engranger 23,5 % de tous les revenus générés cette année-là aux États-Unis.

Un exploit — merci Ronald Reagan, merci George W. Bush — qui s’approchait de leur niveau record de 23,9 % atteint en 1928, juste avant la Grande Crise.

Mais, patatras ! Comme pour la crise de 1929, celle de 2008 allait dégrader la part de tarte du 1 % jusqu’à un maigre 18,1 % en 2009. Heureusement, en 2010, afin de rétablir la situation et de remettre les hyper-riches en piste vers un nouveau record historique, l’économie américaine a bien fait les choses.

Ayant généré 288 milliards de plus que l’année précédente, elle a envoyé vers le 1 % des plus riches 93 % de cette somme. Les 99 % qui n’ont pas eu la bonne idée d’être membres du 1 % n’ont récolté que 80 $ par personne. Mais il faut admettre qu’ils ont beaucoup moins de goûts de luxe. Alors ça tombe bien.

Cela fait de la reprise économique actuelle l’expansion la plus sympathique envers les super-riches. Bon, vous allez me dire que la reprise actuelle est à peine visible, qu’elle a un effet minime sur le taux de chômage américain. Que le taux de pauvreté augmente. Certes. Raison de plus pour que la faiblesse de la reprise soit massivement détournée vers le haut de l’échelle.
La reprise des années 1990 sous Clinton était beaucoup plus robuste, et avait versé 45 % de la richesse supplémentaire dans l’écuelle du 1 %. Celle de Bush dans les années 2000 l’était moins — et générait moins de nouveaux emplois —, mais la proportion versée aux plus riches a atteint 65 %. La souffreteuse reprise entamée en 2009 sous l’égide de Barack Obama — que les républicains accusent d’être socialiste — envoie 93 % aux ploutocrates. (Pour tous les chiffres, on peut voir le fichier Excel de Piketty et Saez)

Et au Canada ?

Une nouvelle étude canadienne donne une idée de la composition du 1 % au Canada. On y retrouve massivement des hommes, des diplômés et des gestionnaires d’entreprises et d’institutions financières. Mais les médecins, dentistes et vétérinaires y sont également bien représentés. Voici le tableau :

Qui sont les membres du 1% (Recensement de 2006)
Top 1 % Population totale
Revenu médian 452 887 $ 36 837 $
Part du revenu provenant du salaire 69,9 % 82,7 %
Hommes 82,7 % 48,4 %
Travaillent plus de 50/h semaine 52,2 % 18,6 %
Éducation :
Moins qu’un bac 41,8 % 81,0 %
Bac 28,1% 12,3 %
Médecins, dentistes, vétérinaires 8,4 % 0,5 %
Autres diplômés de second cycle 21,7 % 6,2 %
Âges :
Moins de 35 4,5 % 28,8 %
35-64 79,0 % 54,5 %
Plus de 64 16,5 % 16,7 %
Professions :
Haute direction 14,1 % 0,9 %
Cadres 19,1 % 6,1 %
Professionnels de la santé 11,6 % 2,0 %
Professionnels des entreprises et du secteur financier 7,1 % 1,8 %
Source : Canadian Inequality: Recent Developments and Policy Options

Merci à mon ami Twitter
André N. pour le premier signalement.

Billet d’abord publié en juin 2012.

Ce contenu a été publié dans 1%, États-Unis par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !