Les blues du fan de sci-fi

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Je me faisais une joie, mardi dernier, d’écouter la première du remake de la série V, sur une invasion extraterrestre. Je n’avais pas aimé la série originale, un peu trop basse-technologie et écriture mollassonne à mon goût, mais les bandes-annonces de la nouvelle série semblaient prometteuses. D’autant que le québécois Yves Simoneau, lui qui avait donné à la télé française en 2002 son excellente mini-série Napoléon, signe la réalisation de V.

La déception ne fut pas foudroyante. Ce n’était qu’une émission de télé. A peine meilleure que la série originale, si on en juge par le premier épisode. Le problème aujourd’hui, c’est qu’il arrive que les émissions sci-fi télé soient excellentes. Les deux premières saisons de Heroes, par exemple. Frais, inventif. Mais la saison en cours de Heroes nous traîne dans des méandres peu convaincants. Ce qui arrive souvent lorsque les séries n’ont pas de fin préprogrammées. Les auteurs étirent la sauce jusqu’à érosion de l’auditoire. Une recette pour l’écoeurement collectif. Je leur donne encore deux ou trois épisodes et puis… basta !

L’année sci-fi télévisuelle est donc, pour l’instant, paresseuse. Comme pour V, mais un peu moins, la déception s’installe pour FlashForward, malgré un départ prometteur. Là, presque tous les humains perdent conscience simultanément et, pendant deux minutes 17 secondes, se voient agir dans un futur proche : 6 mois. On se rend compte que quelqu’un est derrière ce phénomène, mais on ne sait encore qui ni pourquoi. Il manque environ 20% de qualité de personnages, de dialogues et de rythme pour hisser la série à un niveau d’excellence. Pour l’instant je reste.

La série Fringe, genre de remake du regretté X Files (du moins dans ses premières saisons), a un fort goût de déjà vu. L’intrigue centrale, qui s’est un peu corsée avec l’arrivée de Leonard Nimoy (pas en Spock) et la révélation d’un conflit entre deux univers parallèles, est distillée au compte-gouttes entre les épisodes des « monstres de la semaine » qui nous épatent peu. Je ne leur suis pas fidèle.

Nous sommes en manque, évidemment, de Battlestar Galactica. La série télé achevée l’an dernier fut d’une qualité telle, soutenue presque constamment pendant quatre saisons, qu’on craint ne plus revoir pareil exploit pendant notre période d’espace-temps. (Moi qui fut un inconditionnel de la série politique West Wing, je n’hésite pas à dire que Battlestar est West Wing dans l’espace). Le film Razor, qui fut produit entre les deux dernières saisons de Battlestar, était de la même eau.

Alors cette semaine, pour me consoler de la piètre offrande de SF, j’ai couru pour louer le DVD de The Plan, le nouveau film reracontant l’histoire de Battlestar, mais du point de vue des méchants. Je vous avertis : l’intérêt est moindre que pour ceux des quelques moins bons épisodes de la série. On pensait qu’on allait nous parler du Plan des Cylons (les robots) pour le retour à la terre, la fusion des races, le rôle des dieux, autant d’éléments égrenés pendant la série. Mais non (attention : dévoilement d’intrigue imminent) il s’agit du Plan d’origine, donc de la destruction de tous les humains et des ratés de ce plan pour cause de Galactica, puis de la dissidence croissante des cylons à forme humaine à l’idée de poursuivre le génocide.

Le film répond à plusieurs questions laissées en suspend (je m’adresse aux affictionados) : pourquoi Boomer passait de l’état de Cylon à l’état d’humain dans la saison 1 et quelques autres. Mais rien sur la présence fantomatique de la numéro 6 dans la tête de Baltar ou sur la source de sa volonté de produire/protéger un enfant cylon/humain.

Il est vrai que Battlestar fut écrit sans que ses auteurs en connaissent la fin et que plusieurs fils ne peuvent simplement pas être attachés. (Idem pour certains détails de la série Star Wars, que Lucas inventait à mesure, contrairement à la légende voulant qu’il ait scénarisé neuf épisodes avant de tourner, d’abord, le quatrième).

Mes attentes étaient donc élevées pour The Plan. J’en suis ressorti comme d’une visite chez un ami très cher, triste d’avoir constaté que l’ami s’est affadi et que le plaisir que nous avons eu d’être ensemble ne soit plus qu’un écho de nos intenses joies d’antan. Comme quoi dans la science-fiction, il n’y a pas d’avenir pour le passé.

Mais trêve de spleen. Pour s’en remettre, regardez cette brève parodie de Heroes, que m’a signalé Eric F.