Les Cégeps et le vice

camil_samson-150x150Je me souviendrai toujours que le politicien utilisait le mot « fornication » pour décrire ce qui se passait dans les Cégeps, jusque, précisait-il en articulant bien chaque syllabe, dans les salles de classe.

Il s’appelait Camil Samson, était créditiste, et moi j’étais en secondaire IV. Dois-je préciser que tous mes amis étudiants et moi brulions d’impatience d’accéder à ce nirvana de l’activité sexuelle.

Malheureusement, comme c’est parfois le cas avec les hommes politiques, les promesses de fornication sur les heures de classe étaient grandement exagérées. Je n’en suis pas certain, mais je crois que la chute de crédibilité du mouvement créditiste a beaucoup à voir avec la déception ainsi induite chez plusieurs cohortes de futurs électeurs.

Vous voyez bien où je veux en venir. François Legault est-il le Camil Samson des années 2010 ? La réponse est non. Samson voyait du sexe là où il n’y en avait pas. Legault voit de la drogue et du décrochage là où il n’y en a pas… plus qu’ailleurs !

On apprend à fumer du pot au secondaire et on décroche au secondaire, comme on fume et décroche au Cégep, puis fume et décroche à l’université.

Bref, s’il fallait abolir tous les endroits où on fume et décroche dans le système scolaire québécois (et nord-américain), on ne se rendrait guère plus loin qu’en sixième année.

De toute évidence, François Legault a démontré une fois de plus que, lorsqu’il n’est pas scripté, il s’aventure en terrain dangereux. Même s’il a nuancé son propos (il n’abolirait que le Cégep général, pas le professionnel, et en fait il n’abolirait rien car ce n’est pas une priorité, il disait ça comme ça) sa remarque lui vaudra bien des reproches, surtout en régions où les Cégeps sont considérés comme des pièces vitales du tissu social et économique.

Il n’est malheureusement pas certain que cette nouvelle improvisation à-la-Legault lui soit si dommageable. La proportion de Québécois qui sont passés par le Cégep est très minoritaire .

Pour prendre le pouvoir, le futur parti de Legault n’a pas besoin de 100% du vote. Environ 35% suffira amplement. Et je serais surpris d’apprendre qu’il n’y a pas 35% des Québécois qui partage son avis. Y compris parmi ceux qui sont passés par le Cégep général et y ont, dans la plupart des cas, fumé du pot.

Ils y seraient sans doute davantage attachés s’ils y avaient trouvé ce que Camil Samson leur avait annoncé.