Les marchés: des petits vieux ou de jeunes crocs?

Les citations du jour reviennent à Hubert Védrine, ex-ministre français socialiste des Affaires étrangères, dans une entrevue lumineuse accordée à Christian Rioux du Devoir et publiée ce samedi.

Sur les marchés:

l’Europe n’a pas décidé jusqu’où elle était solidaire ni comment dompter les marchés. Je dis «dompter» et non pas «rassurer», car ces marchés ne sont pas un rassemblement de vieilles personnes inquiètes, mais un marécage de crocodiles qu’il faut dompter.

Sur les élites et les peuples européens:

il y a plein d’eurosceptiques qui pourraient se rallier à l’Europe si on leur démontrait que celle-ci n’est pas une machine à éradiquer les identités. Ils voudraient que l’Europe soit un facteur d’équilibre face à la Chine, par exemple.

Si l’Europe est fondée sur le fait que c’est abominable d’être français ou espagnols et qu’il faut se fondre dans un grand magma européen, les peuples n’en voudront jamais. Ils ne sont pas xénophobes, mais ils n’en veulent pas. Vous comprenez ça très bien, vous, les Québécois!

[…] Il y a ceux qui veulent un système de décision supranational supplantant les États nations. Mais les peuples sont contre. Cela met les élites dans une fureur affreuse. Et elles insultent les peuples en disant qu’ils sont archaïques, nationalistes, lepénistes, souverainistes. Et les peuples les envoient promener. Il existe un fossé qui se creuse entre les élites et les populations. Et les élites n’ont encore qu’une seule idée, c’est de donner toujours plus de pouvoir au Parlement européen et à la commission. C’est comme un ressort.