J’avoue, je me suis fait avoir. Je fais chaque année consciencieusement mon budget charitable et je choisis mes dons selon mes priorités. Mais quand le jeune militant d’Oxfam est venu frapper à ma porte, l’an dernier, il faisait froid et je crois qu’il pleuvait un petit peu.
Il était jeune, portait son badge, son sac en bandoulière, il devait avoir entre 17 et 22 ans, sincère et volontaire. Pourquoi pas un petit 10$/mois, sur votre carte de crédit, pour Oxfam ? J’aime bien Oxfam, et plein d’autres excellentes causes. Mais cette ONG n’était pas dans ma liste. J’ai dit oui. Pour lui. Pour l’encourager. Par empathie. Je n’aurais dit oui ni à un courriel, ni à un courrier, ni à un appel téléphonique. Mais à un garçon en chair et en os, dévoué à sa cause, c’était autre chose.
Je me suis fait avoir. Non que la cause ou le garçon n’étaient pas sympatiques. Mais j’apprends grâce à Sylvain Lefèvre, qui y a consacré son doctorat, que les ONGs québécoises, commes les françaises et d’autres avant elles, embauchent systématiquement ces jeunes « recruteurs » qui sont ce mois-ci pour Oxfam, le mois suivant pour Amnistie, le mois d’avant pour un organisme d’aide aux victimes du Sida.
Des professionnels de la charité. Ils ont le mérite d’être moins payés que les autres, ceux d’Avon ou d’Amway, et d’avoir une réelle affinité avec la cause qu’ils vendent. Mais ils ne sont pas des militants et sont payés plus ou moins au rendement. D’où d’importants débats dans les ONGs entre la filière « militante » et la filière « levée de fonds ». Au Québec comme ailleurs, les ONGs font même de l’impartition, déléguant à des agences spécialisées l’embauche et la gestion de ces recruteurs.
J’ai plongé dans cet univers avec mon invité Sylvain Lefèvre dans la première émission de la nouvelle saison de Planète Terre. Venez faire ce voyage dans les coulisses de la charité.
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