Les trous de mémoire de Jean Lapierre

CKAC_90_s_Jean_Lapierre-150x150Il m’est arrivé de prendre la défense de Jean Lapierre, l’ex-libéral-bloquiste-commentateur-libéral, maintenant commentateur. Mais j’ai rarement été plus estomaqué que lorsque je l’ai entendu, un soir de 2004, lors de sa réentrée en politique fédérale, en entrevue télé. Paul Arcand, qui l’interviewait, a demandé à la nouvelle vedette libérale fédérale quel avait été son vote lors du référendum de 1995.

Lapierre a répondu (cramponnez-vous) qu’il ne s’en souvenait pas !!!

Les problèmes de mémoire de Jean Lapierre me sont donc revenus en tête lorsque je l’ai entendu, lors d’une chronique avec Paul Houde ce lundi, affirmer qu’entre 1990 et 1992, Robert Bourassa ne lui avait jamais laissé entendre qu’il pourrait tenir un référendum sur la souveraineté.

Le problème avec cette déclaration est que j’ai longuement interviewé Jean Lapierre en 1992, devant un magnétophone, et qu’il m’a expliqué en détails chacune de ses rencontres avec Bourassa où ce dernier l’assurait que, s’il n’y avait pas de réforme en profondeur du fédéralisme, il appliquerait la loi 150 qu’il avait votée et qui prévoyait, précisément, ce référendum.

Lapierre, dont la mémoire semblait excellente, m’expliquait que son engagement de souverainiste-libéral au sein du jeune Bloc québécois tenait spécifiquement à cet engagement réitéré par son vrai chef — Bourassa. Au printemps 1992, lorsque Lapierre se rend compte que Bourassa ne tiendra pas parole, il démissionne du Bloc. Et il a, devant mon micro, cette phrase très dure:

« Il [Bourassa] nous a tous fourrés quand même. Il nous a tous menés en bateau. »

Pour lui rafraîchir la mémoire, cette citation apparaît en page 291  du Petit Tricheur, en librairie ce jeudi. Je lui en ai fait envoyer une copie, pour ses archives et, peut-être, un jour, ses « Mémoires ».

Maintenant si Jean pouvait aussi se souvenir de son vote référendaire de 1995, sa crédibilité en serait encore rehaussée.