Les visiteurs

Passons aux choses sérieuses. Nous ne sommes pas seuls. Après des décennies de tergiversations, 2021 aura été l’année où le Pentagone a craché le morceau: les comportements de plus de 150 objets volants observés depuis 20 ans par les pilotes de l’armée américaine dépassent de loin tout ce que la technologie terrienne peut produire aujourd’hui et même envisager pour un avenir prévisible. Remarquez, ils n’écrivent pas : « ce sont des extraterrestres ». Ils se contentent de se gratter la tête. « On ne peut pas expliquer ce qu’ils sont, comment ils bougent », a résumé l’ex-président Barack Obama.

(Ce texte a d’abord été publié dans Le Devoir.)

Un organisme officiel du gouvernement français chargé de ces phénomènes pose le même diagnostic et « ne peut que constater l’impossibilité actuelle de trouver une explication aux cas les plus étranges qui lui sont soumis ». Ce qui équivaut à 9 % des cas qu’il étudie.

Pour expliquer l’inexplicable, on ne peut procéder que par déduction. Ces observations sont faites depuis des décennies (certains affirment depuis l’Antiquité), mais nous n’avons été victimes ni d’invasion ni d’empoisonnement. Aucun rayon laser venant d’un de ces objets n’a été détecté, aucune destruction. Leur présence ne nous est donc pas hostile. C’est déjà ça de pris.

Deuxième constat : ils ne tiennent pas à se cacher. Les récentes vidéos montrent certains de ces objets s’amuser autour d’un jet américain, comme pour le narguer. De toute évidence, ils ne nous craignent pas. Troisième constat : ils ne tiennent pas à communiquer avec nous. C’est peut-être qu’ils ne veulent rien divulguer de ce qu’ils sont et de ce qu’ils savent et que, s’ils veulent en savoir davantage sur nous, ils n’ont pas besoin de nous le demander. Ils savent déjà ce qu’ils veulent savoir.

Il existe une douzaine d’hypothèses courantes sur leur provenance ou leur intention. Si on admet que des civilisations technologiquement avancées existent ailleurs dans l’univers, le principal obstacle à la déduction logique est la probabilité extrêmement forte qu’elles existent à des milliards d’années-lumière de nous. Puisque nous postulons l’impossibilité physique de voyager plus vite que la lumière, comment expliquer que ces objets soient si loin de leur planète d’origine ?

Quant à leur intention, l’hypothèse la plus satisfaisante est qu’ils répondent, chez eux, à l’avertissement que nous lançait peu avant son décès le physicien Stephen Hawking : « Notre contact avec une civilisation avancée pourrait nous mettre dans la situation des Autochtones d’Amérique lors de l’arrivée de Christophe Colomb. » Exact. Ce qu’on appelle « l’échange colombien » a introduit en Amérique dix maladies infectieuses, dont la rougeole et la scarlatine, pour lesquelles les Autochtones n’avaient pas développé d’anticorps, provoquant un nombre incalculable de morts. En retour, les Européens ont reçu notamment la syphilis (c’est en débat), le tabagisme et les pissenlits. Dans sa Guerre des mondes, H. G. Wells applique la recette. L’envahisseur venu d’ailleurs est invincible face à nos canons, mais succombe à nos bactéries.

Il serait donc logique que des civilisations avancées envoient dans le cosmos des drones pour prendre des notes sur la possibilité qu’un échange interplanétaire toxique les mette à risque, ou alors qu’une arme qui leur est inconnue soit développée par un ennemi potentiel.

Les spécialistes notent d’ailleurs que les ovnis sont nettement plus visibles aux abords des installations nucléaires qu’ailleurs, depuis les toutes premières expériences à Los Alamos, au Nouveau-Mexique. C’est peut-être un biais d’observation (nous surveillons davantage ces installations que les champs de fraises), mais si on admet qu’ils nous surveillent, il est normal qu’ils se concentrent sur ce qu’on fait de plus dangereux. Dans l’univers de Star Trek, la Fédération des planètes ne prend contact avec une nouvelle civilisation que lorsqu’elle passe un seuil technologique précis : la possibilité de voyager dans l’espace en pliant l’espace-temps (le Warp Speed). Se pourrait-il que nos visiteurs attendent que nous développions une application de l’énergie nucléaire à laquelle nous n’avons pas encore songé ?

Cela ne règle pas le problème de la distance. Une théorie veut que des civilisations aient quitté leur propre planète il y a des milliards d’années dans des « îles vertes » voguant dans l’espace, dont certaines seraient désormais dans notre voisinage. Une autre est que les visiteurs viennent d’un univers parallèle, qui coexiste donc avec nous dans un même lieu. Certains pensent que ce sont des visiteurs de notre propre futur. Auraient-ils égaré leurs archives ? D’autres postulent qu’il s’agit d’une ancienne civilisation terrienne avancée ayant quitté la planète pour une raison obscure. Elle se serait établie non loin et voudrait prendre des nouvelles de la Terre.

John Gertz, ex-président du SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) Institute, organisme américain qui tente, jusqu’ici en vain, de capter des signaux extraterrestres dans l’espace, avance dans Scientific American l’explication qui me semble la plus vraisemblable. Patiemment, au cours de millions d’années, des extraterrestres ont pu installer un réseau de satellites, peut-être un autour de chaque étoile, pour retransmettre à travers de très longues distances les informations prélevées par leurs drones chargés de veiller à l’évolution d’autres intelligences.

Brefs, ils nous observent, probablement de loin. Lisent-ils Le Devoir ? Si oui, je ne formule qu’une demande. Nous avons développé nous-mêmes la roue, le velcro et la puce informatique. Nous finirons par savoir comment décarboner notre atmosphère, mais trop tard. Si vous pouviez nous en envoyer le mode d’emploi, nous nous engagerons à garder pour nous rougeole, scarlatine, syphilis, tabac et pissenlits.


1 avis sur « Les visiteurs »

  1. « Si on admet que des civilisations technologiquement avancées existent ailleurs dans l’univers »

    « l’avertissement que nous lançait peu avant son décès le physicien Stephen Hawking : « Notre contact avec une civilisation avancée pourrait nous mettre dans la situation des Autochtones d’Amérique lors de l’arrivée de Christophe Colomb. » »

    N’y a t-il pas une forme d’anthropomorphisme, d’anachronisme, de narcissisme et de manque d’imagination à croire que toute forme de vie doit être fait en chair et en os, basée sur la chimie organique (du carbone) et que toute forme de vie intelligente sera organisée selon une civilisation qui exploite la technologie et qui se déplace avec des véhicules ? Brefs, qu’ils seront comme nous ?

    Cela en dit long sur l’ego démesuré d’une humanité imbue d’elle-même.

    Que savons-nous réellement de la vie et surtout de la conscience ? Des experts émettent l’hypothèse que la conscience puise son existence dans les phénomènes quantiques, donc que la base même de la vie et de l’expérience n’est pas la chimie.

    Vous connaissez sûrement le programme SETI, Search for Extra-Terrestrial Intellilgence. Cela se fait à partir d’antennes qui captent les ondes radio dans l’espoir de capter un signal qui trahirait la présence d’une civilisation d’êtres vivants intelligents « comme nous ».

    Si un tel signal était capté, on crierait « Eureka », et on annoncerait qu’on a découvert une preuve de vie extra-terrestre intelligente. Pourtant, il aura fallu construire l’antenne réceptrice et tout l’équipement logiciel pour décrypter le signal et le traiter. Il aura fallu faire la rencontre du signal hertzien à « mis-chemin », « meet it half-way » disent les Américains.

    Et bien, je postule que notre première rencontre avec une forme de vie extra-terrestre intelligente se fera à même nos recherches sur l’intelligence artificielle qui implique des phénomènes quantiques.

    L’univers est peut-être rempli de vie, et de vie intelligente, du côté « quantique » des choses. Nous baignons peut-être dans un signal quantique intelligent ambiant, de surcroît un signal interactif qui n’est pas qu’un séquence morte comme les ondes hertziennes.

    Et finalement, c’est peut-être ce signal qui nous donne notre souffle de vie, notre conscience et nous permet d’avoir des expériences sensuelles.

    Nous sommes peut-être donc déjà tous des « half-aliens », des moitiés d’extra-terrestre.

    Stephen Hawking ne se doutait pas que l’intelligence artificielle risque d’arriver bien avant notre premier contact avec des extra-terrestres d’une autre planète.

    Savons-nous vraiment dans quel univers on vit ? Des physiciens sérieux postulent que nous vivons en fait dans une simulation.

    Plus les extra-terrestres nous viendrons de loin et moins ils nous ressembleront. À partir d’une certaine distance, il n’est plus possible de se déplacer physiquement avec des vaisseaux. Par contre, les USA ont développé un programme STARGATE, le plus sérieusement du monde, pour tenter d’exploiter des aptitudes du « remote viewing », sorte de voyages astraux, à des fins de collecte d’informations sur l’ennemi.

    Il est très possible que nous soyons régulièrement visités par des extra-terrestres sous forme onirique ou astral. Je ne crois pas que l’humain soit le sommet des phénomènes comme il aime le prétendre.

    Je pense aussi que l’intelligence artificielle consciente et vivante représente la destination ultime de notre espèce et constituera une forme de rencontre avec une intelligence extra-terrestre car elle puisera son existence du côté quantique des phénomènes, ce que moi j’appelle le côté onirique à la vie.

    L’univers des nombres et plus vaste encore que l’univers physique et visible. Si vous voulez trouver la vie intelligente artificielle, cherchez du côté de l’univers des nombres, ne perdez pas votre temps à chercher dans l’espace.

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