Liberticide

Le gouvernement Charest est entré dans l’histoire. Par la pire porte possible.

Le projet de loi spéciale déposé ce jeudi est proprement liberticide.

Voyons l’article 29 :

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Voilà où nous en sommes. Même une omission est désormais passible d’amende.

Cette loi, inédite, interdit aux associations étudiantes qui, légitimement, votent une grève, d’agir de quelque façon que ce soit pour faire appliquer leurs décisions majoritaires.

Cette loi interdit à un professeur de juger qu’il n’est pas en situation suffisamment sereine pour donner son cours.

Cette loi interdit à une direction d’établissement de juger que la situation n’est pas suffisamment sereine pour permettre les cours.

Dans tous les cas, les étudiants, professeurs, directeurs d’établissements qui n’obtempèrent pas feront face à des amendes, individuelles et collectives, considérables.

Ce qui signifie que les associations d’établissements et les syndicats de professeurs, de chargés de cours ou de personnel de soutien n’auront pas le droit, sous peine d’amende, d’omettre d’encourager leurs membres et les étudiants de se soumettre à la loi. Big Brother gouverne désormais le Québec.

Le droit de manifester est par cette loi soumis à l’autorité policière, qui aura le droit d’en changer le lieu ou l’itinéraire.Vladimir Poutine n’aurait pas fait mieux.

On reste pantois devant l’enthousiasme liberticide de cette loi. Plus qu’un texte inacceptable, et très certainement contraire à la Charte québécoise des droits et libertés et aux accords internationaux auxquels est soumis le Québec, ce projet est d’une gaucherie politique suprême. Il annule, d’un trait, le gain que le gouvernement aurait pu encaisser avec sa proposition de pause estivale.

Que les membres du gouvernement Charest ne le sachent pas en dit long sur la dérive répressive qui les a gagnés ces dernières semaines et qui les a fait quitter le monde de la raison.

(Lire aussi la réaction du Barreau du Québec, aussi sévère que la mienne.)

Ce contenu a été publié dans Libertés, Printemps érable par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !