Libye: Mais où est donc la « responsabilité de protéger »?

02-gaddafi_415x275-150x150Dans un monde idéal, lorsqu’un dictateur utilise son aviation pour attaquer son propre peuple, il devrait exister une force ayant le devoir de protéger les citoyens contre leur bourreau.

Cette doctrine de la « liberté de protéger » existe. Elle a été promue par le gouvernement canadien, à l’ONU, il y a quelques années. Pourtant, aujourd’hui, ni le gouvernement Harper, ni le chef du parti qui a conçu cette doctrine, Michael Ignatieff du PLC, ne proposent de l’utiliser pour protéger le peuple libyen contre le tyran qui promet « des rivières de sang ».

Heureusement, il s’est produit ce samedi un événement étonnant. Une organisation internationale à laquelle le Canada ne participe pas a eu la décence « d’assurer un soutien immédiat et continu au peuple libyen (…) face aux dangereuses violations et aux crimes des autorités libyennes, lui faisant perdre leur légitimité ». Cette organisation de démocrates conséquents a réclamé, sans la nommer, l’application du principe de « responsabilité de protéger » en réclamant du Conseil de sécurité de l’ONU l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne sur la Libye — donc d’intervenir militairement pour clouer l’aviation libyenne au sol.

De quelle organisation s’agit-il ? De la Ligue arabe, ex-ligue des dictateurs arabes, aujourd’hui entrainée dans le tourbillon démocratique qui traverse la région. Oui, nous rapporte Le Monde, les représentants algériens et syriens n’étaient pas chauds à l’adoption de cette résolution, on comprend pourquoi. Ce précédent pourrait demain avoir des airs de boomerang. Mais ils furent mis en minorité, ce qui constitue une décision démocratique majeure dans la région.

Samedi, l’aviation libyenne a une nouvelle fois attaqué les rebelles. Les grandes puissances, parfaitement capables d’enlever à Khadafi ce moyen d’imposer sa loi, tergiversent. Le secrétaire américain à la défense, Bob Gates, pense qu’une telle mesure ne serait pas « sage » !!!

Le président français Nicolas Sarkozy, le plus audacieux de tous les leaders occidentaux, affirme qu’il ne soutiendrait la mesure que si Khadafi se rendait coupable  « d’agressions massives par des moyens militaires sur des populations civiles, désarmées et non violentes ».

On croit rêver! La rébellion a débuté il y a près d’un mois, l’aviation a tiré plusieurs fois sur la foule, et on demanderait maintenant aux rebelles de jouer les Ghandi devant l’armée de l’air avant de daigner intervenir ?

Si l’Occident, aujourd’hui, refuse de mettre son arsenal militaire au service de la demande combinée des rebelles libyens et de la Ligue arabe, la « responsabilité de protéger », comme l’affirme avec raison le caustique commentateur de la CBC, Rex Murphyh, « n’aura été qu’une phrase parfumée » . La doctrine canadienne, ajoute-t-il, n’aura « rien changé, après avoir soulevé des espoirs qu’on aurait du laisser dormir et n’aura existé que pour donner aux internationalistes impotents l’occasion de pratiquer la grandiloquence. »