L’IEDM nous écrit ! Nous répondons !

newbanneriedmlogo_frJe citais ce jeudi les très intéressants propos de l’économiste senior de l’Institut économique de Montréal, Mme Nathalie Elgrably-Levy, dans le JdeM et le JdeQ, selon lesquels le président américain est un « imposteur » imposant une « tyrannie ». Je m’interrogeais sur la réaction de l’IEDM, connu pour des travaux, certes, de droite, mais aspirant au sérieux et à la crédibilité.

Imaginez mon bonheur de recevoir une réponse rapide, dans la section commentaires du blogue, de la Coordonnatrice des communications de l’Institut, Mme Ariane M. Gauthier, qui fait un excellent travail car l’IEDM communique exceptionnellement bien. (Mes amis de gauche me le disent constamment, pour s’en plaindre.)

Lisons ensemble:

Monsieur Lisée se trompe lorsqu’il applique la logique de la ligne de parti à l’Institut économique de Montréal. À l’IEDM, les chercheurs et les chroniqueurs s’expriment en leur nom propre, ce qui fait que Marcel Boyer peut très bien exprimer une perspective social-démocrate, alors que Nathalie Elgrably-Lévy peut avoir des points de vue plus libertariens, et ce sans qu’il n’y ait aucune contradiction.

De la même façon, les collaborateurs au CERIUM (dont monsieur Lisée fait partie) ne partagent pas tous les mêmes opinions sur les questions internationales.

Excellente remarque, Mme Gauthier. L’IEDM, comme le CÉRIUM, est ouvert à une multitude de points de vue. La page où on trouve les écrits des chercheurs associés de l’IEDM mentionne d’ailleurs explicitement que leurs opinions ne sont pas nécessairement partagées par l’Institut. Bien.

Cependant le titre de chercheur associé n’est pas un droit. La direction de l’Institut, et du CÉRIUM, choisissent de l’attribuer à des chercheurs pour la qualité de leurs recherches, la valeur et la crédibilité de leurs opinions.

Je ne puis certes pas parler au nom de toute la direction du CÉRIUM, mais je peux vous dire que, personnellement, si un chercheur associé écrivait qu’un président élu démocratiquement et appliquant son programme électoral en tout respect du cadre constitutionnel était un « imposteur » usant de « tyrannie », mon évaluation du sérieux de cette personne prendrait un coup fatal. Ce serait vrai si ces commentaires embarrassants étaient tenus au sujet d’Obama, de Sarkozy, de George W. Bush ou de Stephen Harper.

(Ce qui me fait songer. Si Obama est un tyran pour avoir fait adopter une réforme de la santé et un plan de relance de l’économie, la même conclusion ne devrait-elle pas être tirée au sujet de Harper et de tous les leaders élus du G20 ? Simple curiosité.)

Je proposerais certainement de ne pas reproduire de telles inepties sur le site d’un organisme scientifique, j’évoquerais la possibilité d’indiquer spécifiquement que le Centre se dissocie de telles absurdités et je proposerais de revoir le (lire: de mettre fin au) statut de chercheur associé de cette personne. J’argumenterais qu’il en va de la crédibilité du centre. La diversité des points de vue, oui. L’idéologie aveugle, non.

Tous, économistes senior !

Dans mon billet d’hier, je m’étonnais au passage que l’IEDM désigne Mme Elgrably-Levy économiste senior, alors qu’elle-même affirmait dans ses notes biographiques ne détenir qu’une maîtrise en gestion et être chargée de formation aux HEC. Mme Gauthier éclaire ma lanterne:

Je terminerais en rappelant à monsieur Lisée que le titre d’économiste n’est pas associé à une profession réservée.

Grands Dieux, elle semble avoir raison! Même le très normatif dictionnaire Littré donne, au mot économiste, la définition suivante: Celui qui s’occupe spécialement d’économie politique.

Alors pourquoi ne pas donner le titre d’économiste senior à mon ami Éric Duhaime, le co-fondateur du Réseau Liberté-Québec ? D’abord, il a une maîtrise en administration de l’Énap. Ensuite, il a écrit en mai dernier une Note économique sur la Régie des rentes pour… l’Institut économique de Montréal. (Note très instructive, ici en pdf, mais j’aimerais avoir l’avis d’un, disons, vrai expert.) Cela devrait suffire, non ?

Mais, j’y pense. Je m’occupe moi-même souvent, spécialement, d’économie politique. J’ai même reçu jadis un prix de l’Association québécoise des économistes. J’ai écrit un livre qui parle beaucoup d’économie, Pour une gauche efficace, et la moitié d’un autre, Imaginer l’après-crise, sur la réforme du capitalisme. (Transparence totale: cela m’a valu de la part de Mme Elgalbry-Levy le titre « d’idiot utile ». Je suis ravi d’être au moins utile.)

En plus, je suis directeur exécutif d’un centre qui comporte en son sein un Réseau d’économie internationale, que j’ai contribué à mettre sur pied, et je suis intervenu dans l’école d’été Le Capitalisme en Crises.

Pourrais-je ainsi m’auto-proclamer économiste ? Selon Littré et l’IEDM, oui! Je n’y avais jamais songé. Cela donnerait de la crédibilité à mes écrits, non ? Et, à mon âge, pourquoi pas ne pas ajouter: senior ?

Ah, merci Nathalie, grâce à vous, je vais mettre sur ma carte d’affaires:
Économiste idiot senior utile !

Cependant, je vous avertis de suite: je vais me garder de traiter d’imposteurs et de tyrans des élus du peuple. Certains d’entre nous, économistes seniors, préférons rester crédibles.