L’impatient

gilles-duceppe-87-499x322Entre la dinde de Noël et le galette des Rois, Gilles Duceppe a pris une décision très importante: refaire de la politique. Remis de son échec du 2 mai, ayant fait le tour du jardin des possibles, il a fait la paix avec sa réalité. Il n’a qu’un métier, noble et exigeant: politicien. Puis il a tiré une seconde conclusion, essentielle: il avait encore l’énergie de donner à la chose politique plusieurs années de sa vie.

Restait à déterminer comment il allait déployer son activité politique. Il avait à sa disposition deux séries de chiffres.

Le scénario #1: la soustraction

La première série — des sondages publics — lui indiquait que s’il remplaçait Pauline Marois à la tête du PQ, il avait de bonnes chances, du moins au point de départ, de conduire le parti à la victoire électorale.

Évidemment, pour y arriver, il faudrait se battre, diviser les troupes dans un putsch, peut-être une course au leadership, perdre des députés et des militants pro-Marois. Et perdre Pauline Marois, évidemment.

Le scénario #2: l’addition

La seconde série de chiffres lui disait autre chose: que s’il acceptait de venir appuyer Pauline Marois au sein du Parti québécois, son arrivée enverrait un signal de rassemblement tel que le tandem Marois-Duceppe aurait de bonnes chances, du moins au point de départ, de conduire le parti à la victoire électorale.

Dans ce scénario: aucun putsch, aucune remise en cause des orientations déjà adoptées par les militants, aucune course au leadership. Aucune démission causée par cette arrivée, au contraire.

Ce second scénario comportait, implicitement, un second volet capital. Si le bon soldat Duceppe aidait, par sa présence et son action, à la remontée du PQ mais que cela n’était pas suffisant pour que le parti forme le gouvernement, le départ de Pauline Marois coulait évidemment de source, et la candidature de Duceppe à sa succession également.

Pour choisir ce second scénario, il aurait fallu deux choses. Être un joueur d’équipe. Patienter 18 mois.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !