Lire: Les étonnantes aventures pré-sexologiques de Jocelyne Robert

Mensonges d'enfance, Jocelyne RobertLa sexologue la plus connue au Québec, Jocelyne Robert, n’a embrassé cette passion qu’au début de la trentaine. Qu’a-t-elle fait avant ? C’est ce qu’elle révèle dans deux romans autobiographiques, sous le voile transparent de son héoïne, Gwendoline Dernière.

Le premier tome, Mensonges d’enfance (2015), trace le portrait de l’éveil d’une enfant montréalaise catholique d’un milieu populaire des années 1950. On est dans la découverte de la vie, de ses secrets, de ses travers.

Les choses se corsent dans le second tome, joliment intitulé Éclats de femme (2017). Gwendoline/Jocelyne enfile emplois où, au début des années soixante, les francophones doivent se parler anglais entre eux. Elle développe un élan rebelle qu’elle va faire fleurir au bout du Québec, à la Maison du pêcheur de Percé, au contact des pas-encore-complètement-radicalisés frères Rose.

Robert raconte cette aventure de l’intérieur. La liberté partagée, le soutien aux chansonniers et aux pêcheurs désargentés, le ressentiment des édiles locaux, puis la sauvage expulsion des membres de la Maison.

Ce compagnonnage vaudra à Robert de figurer sur la liste des personnes à emprisonner, sans preuve, accusation ou procès, au moment de la grande rafle de la crise d’octobre 1970, même si elle n’avait plus aucun contact avec la bande des Rose. Conduite aux cellules enceinte jusqu’au cou, elle a le soutien de ses sœurs de bagne, dont Andréa Ferretti, et fini par être libérée.

Robert raconte aussi une aventure terrifiante. En balade à Vancouver, un crétin lui fait avaler une saloperie à base de LSD — et lui met une seconde dose à son insu dans son café. La surdose pousse la jeune femme au bord de la démence pendant plusieurs mois.

Il lui faudra les soins d’un héroïque médecin de Vancouver, puis l’accompagnement de son médecin longueillois, Jacques Ferron (oui, l’auteur et indépendantiste) pour revenir de ce long bad trip. Le récit est tellement dissuasif que je l’ai fait lire à mon grand ado pour le traumatiser. Avec succès.

Gwendoline/Jocelyne va de petit boulot en petit boulot. On la retrouve dans un centre de conditionnement physique, devant porter une gaine pour se donner une taille encore plus svelte et ainsi attirer les dupes attribuant ces contours à la pratique de l’exercice. On la voit aussi produire des textes érotiques. Sont-ils seulement de Gwendoline ou également de Jocelyne ?

On ne le sait pas, mais, pour décrire les batifolages de son héroïne, certaines pages ne manquent pas de piquant.

Une lecture passionnante, que je vous recommande vivement.

En librairie

On peut commander ici: Mensonges d’enfance
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La bande annonce de ma dernière balado:

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

1 avis sur « Lire: Les étonnantes aventures pré-sexologiques de Jocelyne Robert »

  1. Si je peux finir par prendre ce qu’on appelle, retraite, je vais vous raconter les aventures post-sexologiques. Vous ne perdez rien pour attendre…

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