Lire: Un Lucien Bouchard gaullien, un blogueur fouetté pour bien peu

Tous les samedis, je vous fais part de mes lectures récentes.

Raif Badawi: c’est la modération qu’on torture !

RaifIl a été fouetté pour ça ? La modération du propos est la première chose qui frappe le lecteur de cette sélection de textes du bloggeur Raif Badawi.

Le prisonnier d’opinion adore son pays, l’Arabie Saoudite, c’est très clair. Il n’est jamais anti-musulman, mais s’interroge sur la sévérité des règles imposées, notamment sur la mixité et la liberté d’expression. Il cherche une façon arabe d’être libéral et moderne.

On sent dans la plume une tristesse pour la petitesse de l’espace laissé au débat dans la théocratie arabe et une soif de liberté. Au cachot, il y est maintenant plus loin que jamais.

Lucien Bouchard: l’art délicat, et rarement apprécié, du pragmatisme

LucienDans cet ouvrage bref mais assez touffu, Jean-François Caron tente de distinguer le pragmatisme de l’opportunisme en appliquant la nuance au cas de Lucien Bouchard.

Il trouve une boussole pour le faire: Charles de Gaulle. Cela tombe bien, Lucien Bouchard en est un adepte et l’a beaucoup lu et cité.

Comme la grandeur de la France était le guide de de Gaule dans une trajectoire pas toujours rectiligne, Caron postule que les intérêts du Québec étaient le guide de Bouchard (dont je fus le conseiller) dans ses pérégrinations politiques.

Cela se tient, et c’est ma conviction.

 

À votre tour !

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Pour les précédentes recensions, c’est ici.

Ce contenu a été publié dans Choses lues par Jean-François Lisée, et étiqueté avec , , . Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

7 avis sur « Lire: Un Lucien Bouchard gaullien, un blogueur fouetté pour bien peu »

  1. Monsieur Lisée
    Est-ce que n’idéalisez pas trop Lucien Bouchard ? Puff !
    Il aime parce qu’il demande à être aimer.
    N’aimerait-il pas qu’on le voit comme, lui, se voit ?

    Bonne reflexion

  2. Pierre Cloutier: « Il a renoncé à l’indépendance »: Je dirais cela autrement, en tant que conservateur, il n’a jamais envisagé l’indépendance du Québec autrement qu’en cherchant à la faire oublier. Son principal moyen a été son slogan: « Attendre les conditions gagnantes », belle façon d’éloigner un projet de société. Quand on a un vrai projet, on provoque les circonstances pour l’obtenir… C’est depuis Lucien Bouchard que les fédéralistes ont envahi nos deux principaux partis séparatistes, en particulier les chefs Marois, Péladeau, et peut-être Landry qui se colle à ce dernier. Quand on est riche, on a aucune raison de vouloir se séparer des pourvoyeurs de richesse pour les riches particuliers; quand on frise la pauvreté, on observe les exactions que le Canada fait subit aux Québécois, comme les surimpositions d’impôts par rapport aux Canadians. Ottawa joue sur les jeux de mots comme la péréquation en faisant croire que le Québec a besoin du Canada pour survivre, alors que le Québec est la vache à lait du pays. Vol de 14 milliards de dollars dans le fonds d’assurance-emploi sans en tenir compte dans la péréquation; subventions moindres – le parallèle de la péréquation, etc.
    On cherche des moyens de faire l’indépendance alors que le Québec est SOUVERAIN depuis 1982, c’est Mme Kathleen Wynne, première ministre de l’Ontario, qui l’a dit à M. Couillard (LA PRESSE, août 2014).
    Il ne reste qu’à séparer les pouvoirs et à signer des ententes de gré à gré pour les services qu’on pourrait partager avec Ottawa. Toute l’attitude de Couillard consiste à rendre les Québécois de plus en plus pauvres pour leur faire croire que grand-papa Trudeau ou Harper les sauvera; toute l’attitude de Péladeau, c’est de contrer la souveraineté par un Institut de recherche qui arrivera au même résultat. Le prochain référendum devrait être préparé par les Québécois fédéralistes qui veulent réintégrer la nouvelle Constitution dont ils sont exclus depuis 33 ans. Toutes ces personnes connaissent très bien la réalité, mais cherchent à la cacher, comme les médias.

    • Pas d’accord sur Bernard Landry que je connais bien et qui depuis qu’il a quitté la scène politique ne cesse d’être disponible gratuitement pour l’ensemble du mouvement souverainiste et indépendantiste, ce qui n’est évidement pas le cas pour Lucien Bouchard, André Boisclair et Pauline Marois, qui ont beaucoup reçu mais très peu donné.

      Quant à Pierre-Karl Péladeau, je pense qu’il est un indépendantiste sincère, mais il y a encore beaucoup d’électoralistes au sein du Parti Québécois, qui vont constamment lui mettre des bâtons dans les roues.

      Pour l’Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales, je vais confiance à Daniel Turp que je connais bien également et qui est, à mon avis, un indépendantiste convaincu et un patriote.

      Attendons un peu pour tirer nos conclusions.

  3. J’ai décroché de Bouchard lorsqu’il a décidé de ne pas habiter la résidence officielle du premier ministre du Québec au 1080 rue des Braves. Parizeau avait voulu donner du prestige au titre de Premier Ministre du Québec en dotant le titulaire de cette fonction d’une vraie résidence officielle. Bouchard, pas assez fin pour y voir un geste de fierté et d’affirmation l’a bêtement laissé tombé. Il y a de ces moments où on distingue les grands hommes d’état des simples comptables.

  4. Pas d’accord du tout sur Lucien Bouchard. Il a tiré dans les pattes à Parizeau à chaque fois qu’il a pu. Je l’ai vécu à l’intérieur du Parti Québécois. Il a renoncé à l’indépendance et nous a contraint à l’austérité pour plaire à Wall Street, il a fait adopter l’infâme motion de blâme à l’endroit d’Yves Michaud, sans aucune rigueur, pour des propos prétendument « inacceptables » qu’il n’a nullement tenus, sans aucune vérification minimale, sans débat et sans lui donner la chance d’être entendu et de se défendre, jetant ainsi le discrédit sur l’Assemblée nationale, la plus haute institution démocratique du Québec. Il a abandonné le navire au milieu de l’océan pour négocier son association avec un des plus gros bureaux d’avocats d’affaires anglophones du Canada, Davis Ward Phillips Vineberg, où il est allé chercher de prestigieux mandats publics payés avec nos taxes et impôts. Et depuis qu’il s’est retiré de la scène politique, il n’a pas fait avancer la cause de l’indépendance de la patrie d’un seul centimètre. Difficile pour moi d’aimer ce personnage et tous ceux qui lui ressemblent.

  5. Deux personnes que j’admire. Le premier, dans un pays dirigé par une dictature sans fard, le second dans un pays De deux nations où la minorité n’est jamais si louangée que lorsqu’elle exprime sa soumission à genoux, à qui on envoie l’armée quand ça crie trop fort.

    • « où la minorité n’est jamais si louangée que lorsqu’elle exprime sa soumission à genoux », oh que cela est bien dit ! En ce qui concerne De Gaulle, on peut bien dire de lui qu’il fut le dernier. Quand on pense aujourd’hui au vice-chancelier de l’Europe qui préside à ce qui reste d’une pauvre France sur le déclin.

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