Ma version des faits

Le Devoir, mercredi 12 décembre 2007

M. Antoine Robitaille a mon numéro de téléphone. La preuve ? Lundi matin, il m’appelait pour m’interroger sur le sondage Léger Marketing qui démontre que 72 % des Québécois sont favorables à ma proposition de citoyenneté québécoise. Pourtant, il a omis de me demander ma version des faits pour l’article qu’il m’a consacré dans votre édition d’hier. C’est dommage, car voici ce que je lui aurais dit.

J’apprends que je participerai à une « réunion interne » au PQ ce samedi. Elle devra se tenir sans moi, car j’ai promis depuis longtemps à Christiane Charette de me rendre samedi à Las Vegas pour assister au dernier concert de Céline Dion, puis de lui en faire rapport en ondes lundi matin. Excusez-moi de ne pas modifier mon emploi du temps. D’autant que je n’ai pas à participer à des réunions internes au PQ, moi qui n’y exerce aucune fonction. Je donne mon avis quand on m’y invite et lorsque je crois pouvoir apporter ma contribution. Mais je tiens à mon indépendance de chroniqueur et d’essayiste et la revendique, y compris dans des émissions auxquelles je suis invité.

Certains semblent un peu embrouillés sur ma participation au comité qui a accouché du projet de loi sur l’identité. Il me fait plaisir de les éclairer : en novembre 2001 (il y a six ans), j’ai avancé l’idée d’une citoyenneté québécoise interne (avec droit de vote) dans des textes publiés dans La Presse. Je les ai repris dans un essai publié dans L’Actualité au début de septembre dernier. J’ai remis à la mi-septembre mon manuscrit Nous à mon éditeur.

Me sachant intéressé par ces questions, le « comité identité » du PQ m’invite ensuite à présenter mes idées lors d’une rencontre le 21 septembre. Sans vérifier avec moi, M. Robitaille écrit que je suis « membre » du comité. Ce n’est pas tout de suite le cas. Mais ensuite, on m’y réinvite pour présenter de nouveau mes idées devant Mme Marois. Elle trouve la chose intéressante puis me demande de participer aux réunions (terminées depuis la mi-octobre). J’accepte et en informe mes patrons de l’Université de Montréal, qui appuient fermement la participation des membres de la communauté universitaire à la définition des politiques publiques et au débat public.

Mais venons-en, pour conclure, à l’aspect le plus divertissant du texte. Mme Marois s’est entourée en septembre de certains de ses meilleurs députés : MM. Curzi, Drainville, Cloutier, Turp. Elle a invité des personnes à rejoindre le groupe : Jacques Beauchemin, Louise Beaudoin, quelques autres et moi. Elle a tiré de nos réflexions un projet de loi dont tous conviennent qu’il a contribué à faire du PQ, cet automne, le premier choix des électeurs. On sait de plus que l’immense majorité des Québécois — et une majorité de non-francophones — sont d’accord avec ses propositions et même avec les miennes, qui vont un peu plus loin. J’apprends que cela indispose quelques personnes (anonymes) au PQ. J’ai cependant l’impression qu’il y a encore bien davantage de personnes indisposées à l’ADQ et au PLQ.