Les équipes de campagne en sont aux derniers préparatifs des débats de cette semaine, comme les journalistes. Toujours volontaire pour rendre service, je me permets de souffler quelques questions de mon cru à Mark Carney et à Pierre Poilievre.
Aux deux. Vous avez récemment déclaré que vous étiez d’accord avec la loi 96 sur le français au Québec. Mais personne ne vous a demandé si vous l’aviez vraiment lue. Alors, dites-moi si, oui ou non, vous appuyez les mesures suivantes de la loi : 1) donner six mois aux immigrants pour apprendre le français, après quoi l’État ne s’adressera à eux qu’en français ; 2) plafonner le nombre de places dans les cégeps anglophones pour enlever le libre choix du cégep à un nombre croissant de non-Anglos ; 3) donner à l’Office québécois de la langue française le droit de perquisitionner les ordinateurs et les téléphones portables sans mandat dans le cadre d’une inspection. (Note : même moi, je suis opposé à ce dernier point.)
Aux deux. En ce qui concerne la Loi sur la laïcité de l’État, vous avez tous les deux annoncé que votre ministre de la Justice éventuel tenterait de convaincre la Cour suprême de changer la règle qu’elle avait clairement établie en 1988 affirmant qu’un gouvernement pouvait, de façon préventive, soustraire une de ses lois du jugement des tribunaux. Pourquoi pensez-vous que les juges de la Cour suprême ont eu tort en 1988 ?
Question de relance : si vous nous dites que c’est parce que l’utilisation de la clause dérogatoire est de plus en plus courante, ne savez-vous pas que la Cour avait validé son utilisation préventive par René Lévesque sur la totalité de ses lois entre 1982 et 1985 ? Et si vous ne soutenez les droits que lorsqu’ils ne sont pas souvent utilisés, avez-vous la même position au sujet des autres droits, comme celui à l’avortement ?

À Pierre Poilievre. Vous avez annoncé que votre gouvernement serait sans pitié envers le « BS corporatif », c’est-à-dire les subventions données aux entreprises qui n’en ont pas besoin. Vous engagez-vous à mettre fin aux subventions du gouvernement fédéral à l’industrie pétrolière et gazière, qui ont totalisé près de 30 milliards de dollars en 2024 ? En quoi n’est-ce pas du « BS corporatif » ?
À Mark Carney. Vous avez ramené à zéro la taxe sur le carbone pour les consommateurs. Jusque-là, Ottawa envoyait aux ménages affectés un chèque au début de chaque trimestre pour amortir le prix qu’ils allaient, ensuite, payer à la pompe. Cela ne s’appliquait pas au Québec et à la Colombie-Britannique. Mais voici que vous avez décidé d’envoyer un chèque allant de 95 $ à 456 $ à chaque ménage hors Québec et hors Colombie-Britannique pour amortir un paiement qu’ils n’effectueront pas. Alors, pourquoi ne pas être aussi généreux envers les Québécois ?
Question de relance : les contribuables québécois contribuent à hauteur de 20 % au budget fédéral. Puisque le coût du remboursement est de 3,75 milliards, les Québécois paieront donc 750 millions de dollars pour des chèques envoyés aux autres Canadiens. Allez-vous les rembourser ?
À Pierre Poilievre. Vous avez pris l’engagement très clair de protéger le droit des femmes à l’avortement. Cependant, le gouvernement fédéral finance chaque année à hauteur de plus de 10 millions de dollars des organismes canadiens de planification familiale qui offrent, entre autres, des services d’information et de soutien à l’avortement. Vous engagez-vous à maintenir ces financements à leur niveau actuel ?
À Mark Carney. Selon la fiscaliste québécoise Brigitte Alepin, au cours des trois dernières années où vous avez dirigé Brookfield, la compagnie a affiché des revenus cumulés d’un milliard de dollars, mais a payé zéro dollar d’impôt. Êtes-vous donc un champion de l’évitement fiscal ?
À Mark Carney. Pierre Poilievre s’est engagé, s’il est élu, à éliminer les failles qui permettent à des compagnies canadiennes de placer des sommes dans des paradis fiscaux pour éviter de payer leur juste part d’impôts au Canada. Il propose de créer un site Internet pour exposer publiquement toutes les sociétés qui fraudent le système fiscal et d’offrir aux dénonciateurs jusqu’à 20 % des fonds récupérés lorsqu’ils contribuent à dénoncer des stratagèmes fiscaux frauduleux. Si vous êtes élu premier ministre, allez-vous appliquer ces mesures et, sinon, pourquoi pas ?
Aux deux. Lors des élections au Québec, les chefs de partis dévoilent l’état de leurs avoirs et de leurs actifs. Voici votre occasion de respecter une tradition québécoise. À un demi-million près, combien valez-vous ?
Question de relance : si vous refusez de répondre à cette question en vous réfugiant derrière les règles fédérales, est-ce parce que vous avez honte d’être trop riche, ou de ne pas l’être assez ?
À Pierre Poilievre. Lorsqu’il fut interrogé sur l’existence d’un génocide israélien à Gaza, le chef libéral a déclaré ceci : « Je suis au courant, c’est pourquoi il y a un embargo sur les armes. » Vous l’avez critiqué pour cette déclaration. Si vous devenez premier ministre, allez-vous maintenir l’embargo sur la vente d’armes à Israël ? Sinon, pourquoi ?
Aux deux. Le 21 novembre dernier, la Cour pénale internationale — un organisme créé à l’initiative du Canada — a lancé un mandat d’arrêt contre Benjamin Nétanyahou, le premier ministre d’Israël, invoquant sa responsabilité dans le crime d’utiliser la famine comme méthode de guerreet dans des crimes contre l’humanité, par exemple le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. Comme les 124 autres États membres de la Cour, le Canada est désormais tenu d’arrêter Benjamin Nétanyahou s’il met le pied en sol canadien. S’il visite le pays, allez-vous respecter cette obligation ?
Question de relance : puisque M. Nétanyahou est accusé de crimes de guerre, vous engagez-vous à ne jamais le rencontrer pendant votre mandat, ou jusqu’à ce qu’il soit jugé innocent de ces accusations ?
P.-S. – si ces questions ne vous sont pas posées pendant les débats, pouvez-vous m’envoyer vos réponses, à mon attention, au Devoir ? Merci.
(Ce texte a d’abord été publié dans Le Devoir.)
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