Montréal: Pour émerger de la crise

Le quotidien Métro a publié aujourd’hui une longue entrevue où je fais état de mon montréalo-optimisme.

Extraits:

Image Denis Beaumont/Métro

Comment vous réagissez aux révélations qui sont faites à la Commission Charbonneau?
Je suis content que ça sorte. Il y avait un abcès et il fallait le crever. Je suis très encouragé par la capacité de la commission à attirer des témoins au cœur du système. Ce que je veux, c’est qu’on traverse la crise, qu’on aille au fond du baril, pour ensuite pouvoir en sortir. Depuis deux ans, on est dans la phase de pourrissement de la situation. Là, on est dans la phase d’épuration, et ensuite on pourra émerger de façon intègre avec un nouveau personnel politique.

Vous avez publié sur votre blogue un billet fort positif sur le fait que Montréal est demeurée grouillante d’activité malgré la situation pourrie. Vous n’avez pas peur que tout ça soit freiné maintenant?
Tout ce qui avait à freiner freinait avant. Ce cancer-là, il prenait de l’ampleur. Là, on est en train d’opérer. Et le traitement n’est pas débilitant.

On ne va pas découvrir d’autres tumeurs?
Il faut toutes les découvrir. Plus on en découvre, plus on sera en bonne santé. On va effectivement reporter des travaux qui auraient dû être faits tout de suite. Mais une fois qu’on les aura relancés, on verra un retour de la vraie compétition qui fera baisser les coûts. Le sérieux du travail qui se fait maintenant m’incite à penser qu’on va pouvoir émerger.

Même si certains maires choisissent de se retirer, leurs administrations resteront en place. Est-ce que Québec prévoit modifier des lois pour tenir des élections anticipées ou prendre un certain contrôle des conseils municipaux?
Non, pas du tout. Nous sommes là pour respecter la démocratie municipale, pour qu’elle fonctionne. Ça veut dire que d’ici novembre 2013, il y aura un vrai débat démocratique à Montréal et à Laval pour trouver une nouvelle équipe de direction.

Et si, entre-temps, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et la commission trouvent des coupables dans les administrations ou chez les élus, elles feront ce ménage-là. La justice suivra son cours. Les citoyens des deux villes pourront prendre une décision en toute connaissance de cause, et Québec respectera leur décision.

Croyez-vous qu’il y aura une relève politique? À Laval, Gilles Vaillancourt dirige depuis des années sans opposition.
La politique a horreur du vide. C’est sûr que c’est la fin d’une époque à Laval. C’est aux citoyens et à ceux qui veulent du changement de se manifester.

Vous menez une opération séduction sans précédent pour un gouvernement péquiste auprès de la population anglophone. Est-ce parce que vous êtes minoritaires?
Non. J’ai toujours pensé ça. Je le pensais alors que j’étais conseiller de Lucien Bouchard dans un gouvernement majoritaire, j’écris sur la question depuis les années 2000 et j’en avais discuté avec Mme Marois avant les élections alors qu’on souhaitait être majoritaire, donc ça n’a rien à voir.

Quel est votre message à leur endroit?
Je pense qu’à Montréal, on est à une étape de notre développement linguistique où il faut dire plusieurs choses qui n’ont pas été dites assez clairement avant. Premièrement, c’est que la crainte du déclin linguistique des francophones n’est pas due à la communauté anglophone. Il faut reconnaître l’extraordinaire investissement des anglophones depuis 25 ans dans l’apprentissage du français. Ils sont 80 % maintenant à être bilingues. Je trouve bizarre, en ce sens, que des grandes institutions, comme la Banque Nationale l’an dernier, choisissent un unilingue anglais comme cadre supérieur. Je trouve que ce n’est pas sympathique envers les anglophones bilingues de Montréal. C’est leur dire que leurs efforts n’ont servi à rien.

Deuxièmement, le déclin du français à Montréal est d’abord dû au fait que les familles francophones quittent pour la banlieue et, ensuite, à la composition linguistique des immigrants qui était imprudente avec les gouvernements précédents. C’est là-dessus qu’il faut travailler. La nouvelle loi 101 ne vise pas les anglophones montréalais; elle vise à induire les immigrants allophones vers le français. Les anglos pensent souvent qu’ils sont la cible. Ils l’ont déjà été, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

3 avis sur « Montréal: Pour émerger de la crise »

  1. Le problème n’est pas qu’un problème montréalais. Nous entrons dans une ère de déclin rapide de la génération d’après-guerre représentant une partie importante de la population, une génération porteuse d’idéaux alliant langue, culture et patrimoine.

    Face à ce défi de taille, il me semble que pour assurer la pérennité de la langue française, il faudrait apporter des changements. Notamment, celui de passer d’un discours politique alliant la langue maternelle et la culture à un discours politique alliant la langue française, la place publique et le monde du travail . Un nouvel ethos, plus inclusif, quoi.

  2. Merci pour ce billet positif sur Montréal c’est rassurant après tout le négatif – j’adore la vie montréalaise et je suis très triste de ce que nous vivons présentement. Une autre chose qui est désolant c’est la circulation ….même pour une retraitée qui ne se met pas dans le traffic à l’heure de pointe – aller du point A au point B est tellement difficile. L’hiver va peut-être nous aider…… moins de cônes oranges……

  3. votre message à l’endroit des anglos est sain, réaliste et tonifiant …

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