Notre amie la Reine. Notre patron le peuple

C’est vrai, nous étions 54 hier, à prêter serment à Élisabeth II. Dans le salon bleu, avant de se rendre à cette cérémonie, les petits nouveaux — dont je suis — demandaient aux anciens pourquoi et comment.

La cérémonie du serment, selon Garnotte, du Devoir. (Voir ici les autres dessins de Garnotte)

Pourquoi, c’est facile: nous sommes dans un pays d’où suintent de partout les archaïsmes de l’impérialisme britannique. Un « chef d’État », le Gouverneur général et ses lieutenant-gouvernaux, désignés par la seule volonté du Premier ministre canadien. Un Sénat à l’avenant. Une Cour suprême qui doit arbitrer les différends au sein d’une fédération, mais dont les membres sont désignés seulement par l’entité centrale. Un non sens dans une fédération, surtout bi-nationale (ou supposée telle) !

Mais il n’y a pas que des archaïsmes qui gênent l’épanouissement du Québec, et qui sont visibles dans les moments les plus solennels, comme la prise de serment. Il y a des éléments plus modernes, comme cette constitution adoptée il y a maintenant 30 ans sans et contre le Québec.La décision de l’ex ministre libéral et constitutionnaliste Benoît Pelletier de ne pas briguer la direction du PLQ est un signe fort de l’incapacité, pour nos collègues fédéralistes, d’envisager même, pour un avenir prévisible, la réparation de cette injustice permanente.

Comment ? Nos députés plus chevronnés nous l’ont bien expliqué. La lecture du premier serment est une obligation constitutionnelle. Jouer avec ces mots, ajouter (fidélité à la Reine… jusqu’à la souveraineté, par exemple) ou soustraire, ce serait risquer de vicier la procédure qui fait de nous des élus du peuple et s’assurer que toute l’attention soit concentrée sur ces écarts, plutôt que sur la célébration, la vraie, du processus démocratique.

Mais nous avons prononcé un second serment ce lundi, au « peuple du Québec ». Une innovation introduite par le gouvernement Lévesque. Vous aurez remarqué que nous l’avons tous prononcé avec plus de vigueur que celle concernant la Reine.

Ce serment se termine par l’allégeance que nous déclarons à « la constitution du Québec ». Qu’est-ce ? C’est un germe de constitution, fait des pouvoirs que nous confère la constitution canadienne actuelle. Il n’en tient qu’à nous de nous donner un vrai document, ayant une réelle portée. À suivre…

25 avis sur « Notre amie la Reine. Notre patron le peuple »

  1. L’endroit idéal pour couper c’est de réduire d’un milion à 50,000$ le budget du lieutenant-gouverneur.
    Il pollue actuellement par sa présence certaines écoles secondaires du Québec.pour y représenter Babette II mounbatten. en lui coupant les fonds ,il n’y aura plus de médailles du sous-pape de l’Église anglicanne puisque Babbette en est la prêtresse à distribuer à des membres du PLQ les plus notoires

  2. La thèse de la bi-nationalité au sein du Canada a été rejetée par la Cour suprême lors du Renvoi sur l’opposition du Québec à une résolution pour modifier la Constitution, [1982] 2 R.C.S. 793. Se basant sur rien et ignorant une pratique constante en matière constitutionnelle, la Cour a détruit en quelques pages le rêve du Canada qu’avaient eu depuis 1867 les canadiens français attachés à la fédération. Nos fédéralistes modernes n’ont plus aucune bonne raison de l’être. C’est pourquoi ils pataugent dans les eaux puantes des raisons économiques alambiquées par le monde des affaires lequel n’a aucun intérêt si ce n’est la stabilité à tout prix au préjudice du peuple. Serviles, ils entretiennent cette vieille croyance que le peuple québécois n’est capable de rien seul et a besoin du secours de son bienfaiteur le Canada aujourd’hui, le Royaume-Uni hier. N’entend-t-on pas à gauche et à droite d’abord le patronat, ensuite la communauté anglophone et finalement des francophones frappés du syndrome d’infériorité du canadien-français professer la doctrine libérale en invoquant une supposée dépendance du Québec à l’égard du ROC? Le peu d’espoir qu’un homme raisonnable aurait pu avoir d’un Canada qui répond aux aspirations des québécois est mort avec le rapatriement de 1982. Noyés dans un Canada qui ne reconnaît que des minorités en privant la majorité canadienne française du Québec du contrôle de son destin, que pouvons-nous faire que de nous laisser dépérir en oubliant notre histoire, en la racontant au dehors de notre propre expérience, en oblitérant à force de mauvaise conscience jusqu’à nos racines, jusqu’aux raisons fondamentale de la souveraineté.

    On ne bâtit pas un pays sur des supposées valeurs de gauche ou sur une identité européanisée naissant en 1960. Le génie de la révolution tranquille c’est d’avoir en effet procédé à un formidable rattrapage économique et culturel. La tragédie, c’est qu’elle a été cela, justement: une révolution. On ne coupe pas une nation de ses racines sans conséquences. Les québécois doivent se réveiller. Ils doivent renouer avec leur passé sans quoi ils répéteront les erreurs de leurs ancêtres. Ils auront le rôle de serviles colonisés; de la femme battue conservant toujours espoir et dont le mari sait qu’elle n’aura jamais la force de partir; qu’elle oubliera toujours au petit matin les violences de la veille.

    C’est aux québécois de se lever et d’enfin  »…constituer en Amérique cette réalité politique et spirituelle. Ce chef d’oeuvre d’un splendide effort humain! ».

    1) L. GROULX, historien

  3. Les mots sont plus fort que tout. Merci de continuer à prendre le temps avec des mots à nous informer, à nous instruire. Avec la connaissance le peuple Québécois finira un jour par s’assumer. C’est mon souhait le plus cher.
    Serge Tremblay

  4. En premier lieu, BRAVO pour votre élection…
    Merci pour vos commentaires qui nous montrent à quel point nous vivons une situation archaïque et coloniale.
    J’espère que le peuple Québécois finira bien, un jour par s’en défaire…en devenant:
    SOUVERAIN!

  5. Objet : Assermentation de Pauline Marois en temps que première ministre du peuple québécois, ainsi que de son conseil des ministres.
    Proposition d’introduction au serment, lors de l’assermentation de chaque ministre du nouveau gouvernement.

    Au Lieutenant-gouverneur, de la monarque étrangère. à savoir la reine Élisabeth II d’Angleterre,
    Il y a deux jours et conformément à la nouvelle constitution du Canada, nous avons du porter serment à votre souveraine, afin de représenter nos concitoyens à L’Assemblée Nationale du Québec.
    Conformément au programme du Parti Québécois qui a reçu l’assentiment de nos commettants, nous tenons à vous souligner que notre objectif premier est de réaliser la souveraineté du Québec, et pour ainsi faire, nous nous engageons auprès de ses concitoyens d’Agir en gouvernement souverainiste !!!
    Ce serment à votre répondante royale doit donc être considéré comme étant de nature temporaire par la force des choses …et sur papiers seulement!
    Notre première loyauté sera donc envers le peuple du Québec et le respect de la constitution du Québec et de son Assemblée Nationale.
    Le serment, que nous nous préparons à prendre en vu de la formation du prochain gouvernement de la nation Québécoise, doit donc être vu dans la perspective du mandat qui nous a été accordé par la population du Québec.

  6. Ce serment d’allégeance à la reine d’Angleterre de la part de députés souverainistes a démontré l’absurdité de notre situation au Québec. Je vous admire tous pour l’avoir prononcé, je comprends que c’était contre vos convictions profondes mais que c’est le prix à payer pour siéger à l’Assemblée nationale. Bravo pour la décision d’avoir enlevé le drapeau canadien dans le salon rouge lors de l’assermentation, c’est un geste cohérent avec l’option du PQ, au moins lorsque vous avez le pouvoir de changer des choses qui peuvent l’être, vous agissez en conséquence.

  7. Merci M. Lisée de prendre votre temps et vos énergies pour continuer le combat vers l’in(dépendance)…Qui je le souhaite de tout coaur arrivera avant que je trépasse. C’est le seul souhait que je fais dorénavent pour mes 6 enfants et mes petits enfants et pour tous nos descendants…

    Je suis né canayen avant d.être Canadien et suis devenu In (dépendantiste) à force d’avoir travaillé , côtoyé ,et fréquenté les vrais Canadiens, ceux qui veulent un pays à leur image qui n’est pas la nôtre définitivement…

    Un jour nous serons fiers et dignes et surtout debout et nous nous ferons confiance,
    Vive le pays du `Québec

    • Monsieur Perron, si vous êtes né avant 1947, il n’y avait que la citoyenneté britannique octroyée par l’occupant. par contre puisque les Perron (protestant) sont arrivés en Nouvelle-France avant l’occupation militaire britannique de 1760, par filiation vous détenez la toujours citoyenneté française.et comme nous le souhaitons la Québécoise à venir. humiliant de se promener avec un passeport d’un pays avec un monarque anglican ,la papesse Babette II de Grande-bretagne

  8. Ha non pas encore le nez! 🙂

    Là Garnotte ne vous a pas manqué.

    Mon intuition me dit que vous avez un grand avenir en politique et elle me trompe rarement.

    Je vous souhaite toutes les chances possibles.

  9. Jurez tant que vous voudrez cela n’ajoutera rien à la vérité. C’est à peu prêt les mots que l’on prête à Jésus-Christ dans la Bible.

    Si comme humain nous sommes tous égaux, comment un roi ou une reine dont le pouvoir lui provient d’un ancêtre dictateur qui a obtenu le pouvoir par la force peut-il me demander allégance.

    Jamais je ne pourrais prêter serment, encore moins à une institution à laquelle je ne reconnais aucune légitimité.

  10. Le serment d’allégence est comme le serment du mariage. On a beau jurer amour et fidélité au plus jour de notre vie, ça n’empêche pas la moitié des couples de divorcer 🙂 Soyons bons joueurs et regardons comment se passera l’histoire d’amour en le PQ et le PC. Jusqu’à maintenant, avec la « bonne volonté » du digne représentant de la reine, cela suffira peut-être à convaincre la population que les mariages arrangés, c’est complétement dépassé! En avant pour la souveraineté….

  11. Apres avoir voté pour le type gentil venu solliciter mon vote a ma porte, alors que je lui disais que je votais pour Nicolas Girard, j’ai appris en écoutant le résultat de l’élection au canal 12, que les anglais le craignait presque autant que René Lévesque. Bravo je vais suivre votre cheminement avec intérest. M.Parenteau

  12. Une vraie désolation que ce serment à la reine! Le Québec aurait dû se débarrasser de ce symbole désuet depuis longtemps. Comment se fait-il qu’on fait encore partie d’un pays de façon forcée puisqu’on a pas ratifié la nouvelle entente constitutionnelle?

  13. Bravo pour l’affirmation du PQ lors de l’assermentation! Nos députes doivent être fidèles au peuple avant tout et le drapeau du Québec doit être mis en évidence ….

  14. Pour continuer dans l’esprit de Jean-Christophe: y’a-t-il quelqu’un qui s’y est essayé….ou qui l’espace d’un instant… a refusé de prêter serment?

    Ou peut-être un tout petit:  » Vive la résistance !! »…

  15. En 73, j’ai bien dû chanter « Dieu sa-au-ve la reine, Dieu sa-au-ve la reine » pour ma naturalisation à Toronto. Au moins j’ai chanté en français, toute seule et bien fière de mon coup..

  16. Le chef de l’état du Canada est la reine du Canada qui agit via son gouverneur général et ses lieutenants gouverneurs.

  17. Et si vous, les deux députés de QS et ceux de la CAQ (supposément « nationalistes ») aviez tous refusé de prononcer ce serment? Le gouvernement n’aurait pas pu siéger? Qui l’aurait empêcher?

  18. Un gros merci… De prendre de ton temps si précieux, pour nous partager ces informations. Peu à peu, vous ferez le ménage dans les archaïsmes de l’impérialisme britannique… Patience!!!

  19. mr lisee j aimerais savoir quand le quebec pourras ce donner une constitution ce serait important d en avoir une et felicitation a toute votre deputation pour la victoire

  20. Quand vous dites au troisième paragraphe: – Jouer avec ces mots, ajouter (fidélité à la Reine… jusqu’à la souveraineté, par exemple) ou soustraire, ce serait risquer de vicier la procédure qui fait de nous des élus du peuple et s’assurer que toute l’attention soit concentrée sur ces écarts, plutôt que sur la célébration, la vraie, du processus démocratique. – J’aimerais savoir si l’assermentation aurait quand-même été légale ou non advenant le cas ou vous y auriez changé quelques mots?

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