Notre drôle de Premier ministre

Un fois c’est un gars, comprends-tu?, qui voulait gagner une élection. Pis des fois, ce gars-là, vois-tu?, y faisait des blagues même sans s’en rendre compte. Une fois, y’a pas longtemps, y’a dit: « Il y aura des élections quand ce sera dans l’intérêt des Québécois ». C’était drôle, mais personne a ri. Parce que tout le monde sait qu’y’aura des élections juste quand ça sera dans l’intérêt du gars, comprends-tu ?

Ça fa que, le gars pensait que ses affaires allaient ben. Parce qu’y sait que, pour ses élections, y’a pas besoin de 50% du monde de son bord, comprends-tu? Y’a besoin d’un gros tiers du monde de son bord, dans les bons comtés. Pis le monde qui veut de son bord, c’est du monde qui sont pas ben ben pour ça, les manifs. Pis encore moins quand on voit des ti-culs qui tirent des roches.

Ça fa que, notre gars y’a laissé faire les affaires tellement longtemps que des ti-culs ont commencé à tirer des roches. Pis les polices, ben, les polices comprends-tu?, y’ont tiré des gaz pis y’ont vargé, tsé ?

Ça fa que, notre gars, y s’est dit: c’est bon ça ! Le monde qui peuvent m’élire, ils vont être choqués contre les ti-culs, pis y vont voter pour moi, pis j’vas gagner, tsé ?

Mais il faut ête bon en simonac pour pas se tromper dans ces affaires-là. Parce que les ti-culs, comprends-tu?, c’est des ti-culs de quelqu’un. Y’ont des popas pis des momans pis des mononcles pis des matantes. Ça fait que, pour que ça marche, le truc du gars, y faut qu’y fasse semblant qu’y est ben en peine de ça, qu’y’ait des ti-culs qui saignent.

Mais c’est dur, comprends-tu?, de faire semblant parce que tout ce temps-là ça fait ben son affaire. Ça fait que, c’est l’histoire d’un gars qui a oublié qu’y fallait pas qu’y trouve ça drôle.

Pis quand y’a fait une joke pis que tout le monde a ri — ben tout le monde qu’y était là, là, pas les ti-culs — ben, ça a paru qui s’en sacrait, que les ti-culs saignent, tsé ?

Pis ça, y’a du monde dans le monde qui pensait voter de son bord qui l’ont pas trouvé drôle.

Ça fa que, c’est l’histoire d’un gars qui gagnera peut-être pas ses élections.

La pognes-tu ?

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !