Ô Québec, Terre de nos… ayoye !

drapeaux-couleursMoi non plus je n’ai pas été convaincu par la proposition d’Hymne national rendue publique ce lundi par la SSJB. Au moins, elle a le mérite d’exister.

Et je peux vous faire une prédiction. Cette version ne survivra pas à la comparaison du 24 juin prochain. Claude Gauthier reprendra son magnifique « Le plus beau voyage », qu’il a légèrement modifié pour l’adapter au siècle nouveau. (La chanson a été écrite il y a 40 ans, après une Saint-Jean post-crise d’octobre.)

Mon avis est que « Le Plus Beau Voyage« , une chanson vraie, forte, évocatrice, ayant déjà franchi le test des décennies, doit être la source et le canevas sur lequel doit reposer l’hymne national du Québec.

La comparaison entre l’hymne de Raôul Duguay/Alain Sauvageau et la chanson historique de Gauthier devrait d’ailleurs susciter d’autres candidatures.

Mais est-ce le moment de penser à un hymne? Comme je l’écrivais dans mon livre Nous, j’ai longtemps pensé que les promoteurs d’un hymne national québécois faisaient preuve d’enthousiasme prématuré.

Je croyais naguère cette tâche plus utile pour les premiers mois d’un Québec devenu souverain. Mais on sent qu’il nous en manque un bout, musicalement parlant, lorsqu’on entend, à chaque étape du Mundial par exemple, nos compatriotes encourager les équipes de leurs pays d’origine avec ces chants enracinés en eux.

L’heure me semble en fait venue d’un grand concours débouchant, dans ce pays de chansons et de grandes et belles voix, en un hymne émouvant,  rassembleur… mais un peu moins pompeux que ce que la SSJB nous propose. Le 24 juin qui vient pourrait être le point de départ — et nullement le point d’arrivée — de cette recherche de mots et de sons. (La SSJB avait sollicité plusieurs artistes l’an dernier, sans succès. Une rallonge de temps s’impose…)

Évidemment cela irait mieux si cette volonté se mariait à l’adoption, par un futur gouvernement pour qui l’identité québécoise a un sens, d’autres mesures affirmant l’estime de soi des Québécois.

Si les Québécois se musclent l’épine dorsale, affirment sans inhibition leur présence et leur volonté d’être respectés, s’ils posent des règles nouvelles, sur la langue, la laïcité, la citoyenneté, respectueuses de leur existence comme peuple singulier et ouvertes à tous ceux qui veulent se joindre à eux avec leurs apports originaux mais dans le respect de ces règles, nous aurons créé un climat nouveau, plus sain.

Nos nouveaux citoyens se plieront d’autant plus aux décisions de nos élus et de nos juges qu’ils auront été informés, avertis, accueillis par un peuple qui sait ce qu’il est et ce qu’il veut. Et qui peut, en plus, le chanter.

(Les membres Facebook peuvent d’ailleurs aller voter pour « Le plus beau voyage » — ou une autre proposition — sur cette page.)

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !