Pauline: sa moins mauvaise semaine !

Pauline Marois avait eu un superbe début de printemps — avec une pointe à 93 degrés. Elle a eu un début d’été pourri. Une fin d’été difficile. Un début d’automne exécrable. La mi-novembre, à compter de lundi, appartient au nouveau parti de François Legault.

Vient-elle de vivre son été Indien ? Les derniers dix jours ont été ouverts par des déclarations intempestives de son député Claude Pinard, affirmant que l’appartenance de sa cheffe au sexe féminin pouvait être un désavantage. Cela valut à Pauline Marois une sortie en règle de toutes les politiciennes du Québec, affirmant que Pinard avait tort. Sous-entendu : Marois peut-être première ministre. En politique, une très très bonne journée de communication.

2_att4CC1-150x150Mais rien à côté du Graal de la communication : une des personnalités les plus adulées du Québec – Janette Bertrand – affirmant en Une du quotidien le plus lu – le Journal de Montréal – que le traitement réservé à Pauline Marois est « injuste ».

Simultanément, un ex-chef du Parti québécois, André Boisclair, qui avait gardé un silence prudent depuis sa démission, s’est montré très combatif au micro de Jean-Luc Mongrain, critiquant durement les démissionnaires et les dissidents et encensant les positions de sa successeure. Un ancien chef péquiste qui appuie un chef en fonction : voilà un événement qui mérite d’être souligné.

Rien de tout cela n’avait d’importance, cependant, tant que planait sur la tête de Mme Marois l’épée de Damoclès appelée Gilles Duceppe. Sa position surprise en tête d’un sondage publié il y a 10 jours en a fait le recours de tous ceux qui, au PQ, souhaite le départ de la cheffe.

Le  simple silence de Duceppe, face au grenouillage que sa soudaine célébrité suscitait, aurait suffi à corroder le leadership Marois. Sa décision de clarifier les choses, ce mardi, en écrivant qu’il n’était pas « en réserve » de quoi que ce soit et appelant à l’unité derrière Pauline Marois est l’équivalent de la fermeture du robinet d’oxygène aux contestataires et, au contraire, à une bouffée de cette même oxygène pour Pauline Marois.

La cheffe du PQ n’est nullement sortie de sa mauvaise passe, loin s’en faut. Cependant elle vient d’obtenir un réel sursis.

Contrairement à ce que plusieurs estiment, le report, de décembre à janvier, du Conseil national où des mécontents souhaitent faire voter son départ, est une mauvaise nouvelle pour elle.

Il aurait été nettement préférable de tenir ce vote avant le test électoral de la partielle de Bonaventure et avant Noël. Avec ou sans la lettre de Duceppe, la probabilité d’une victoire de Marois à ce vote était élevée (pas à 93% évidemment), et cela aurait été derrière elle.

L’ordre maintenant choisi – effectivement par des députés pressés d’aller chasser l’électeur dans Bonaventure – de reporter le Conseil après Noël prolonge le suspense sur ce vote et une défaite péquiste dans Bonaventure, normale dans tout autre contexte, sera mis au débit de la cheffe.

Les tournées en région: Legault ou Marois ?

Tout de même, les choses vont mieux qu’avant. Les télés ont retransmis l’autre jour les images d’une assemblée publique où Mme Marois était accueillie chaleureusement par des militants en région.

Que s’y passe-t-il, en régions ? La tournée de François Legault, évidemment. Selon ses propres chiffres, il a rencontré 5000 personnes dans sa tournée. Un très bon score.

Interrogé sur le nombre de gens qui se sont déplacés cet automne pour rencontrer, non l’homme du jour, mais la mal-aimée Marois, le PQ offre un tableau, en partie appuyé par des articles de presse locale, totalisant 6 100 personnes. Donc 1 000 de plus que Legault. Étonnant, non ?

On peut même comparer Legault et Marois dans plusieurs villes :

Trois-Rivières : L : 155 ; M : 250
Sherbrooke : L : 200 ; M :150
Chicoutimi : L : 100 ; M : 125
Joliette : L : 225 ; M : 850

Il est vrai que, dans ce dernier cas, Mme Marois réchauffait la salle pour… Gilles Vigneault.

Cela donne un coup de pouce. Mais on a hâte de rencontrer le Vigneault de François Legault.

L’élément le plus spectaculaire des six derniers mois de Pauline Marois est la résilience de cette femme elle-même. Il y eut des moments où sa vie politique ne tenait qu’à cette force.

Depuis dix jours, pour la première fois depuis juin, les planètes anti-Marois se sont désalignées. Est-ce suffisant pour qu’elle sorte des sous-sols des sondages ? Non. Mais cela peut être suffisant pour qu’elle puisse se diriger vers l’escalier.