Pénurie de sous-questions à TLMP ?

barette-150x150Je ne suis pas un détracteur de Tout le monde en parle. Je l’enregistre et écoute ensuite les moments qui m’intéressent.

(Transparence totale: je fus un invité bien traité lors de la sortie de mon livre Nous, sur l’identité.) J’ai noté comme plusieurs une baisse d’énergie chez l’animateur depuis un an. Il met de moins en moins en boîte, ou en difficulté, ses invités.

Je crois cependant que l’émission a franchi un seuil, ce dimanche, avec l’entrevue de Gaétan Barrette, président des médecins spécialistes. L’homme, on le sait, réclame pour ses membres des augmentations d’au moins 5 à 6% par an, après avoir obtenu pour eux une correction de 25% en 2007.

Guy A. lui a bien demandé s’il était sage de demander autant d’argent que les spécialistes torontois, alors que ces derniers ont payé beaucoup plus cher pour leurs études et que le coût de la vie en Ontario est beaucoup plus élevé qu’ici  (bref, à salaire égal, les spécialistes peuvent se payer, au Québec, une résidence 30% plus grande que leurs collègues ontariens).

Barrette est un excellent communicateur chez qui Dany Turcotte a vu de la « graine de politicien ». (Barrette n’a d’ailleurs pas fermé la porte à une candidature. Tous aux abris !) Il a écarté les questions de Guy A. d’un revers de sophisme, puis a chargé avec ses arguments comme si l’antenne avait été réservée et payée par son organisme. Il a joué son rôle et a superbement mérité son mirobolant salaire.

Mais l’animateur s’est laissé roulé dans la farine, emportant son auditoire avec lui. D’où mon interrogation: y a-t-il pénurie de sous-questions à TLMP ? Est-il interdit à un recherchiste de souffler dans l’oreillette de Guy A. un ou deux chiffres qui auraient éclairé le public et mis l’invité devant des faits gênants ? Et si Guy A. ne se sent pas outillé pour ce genre de confrontation, pourquoi ne pas inviter un contradicteur (Michel David aurait fait l’affaire, lui qui a écrit une chronique assassine sur la question dans Le Devoir la semaine dernière), pour que du choc des idées jaillisse la lumière.

Tout compte fait, Tout le monde en parle est devenu un rendez-vous important des grands sujets québécois. Il n’est pas le seul rendez-vous et n’a pas à répondre à toutes les exigences d’une émission d’information régulière. Cependant , sa place dans la grille horaire et son impact sur l’auditoire l’oblige, à mon humble avis, à faire preuve d’un peu plus de mordant lorsqu’un invité tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Ce contenu a été publié dans Médias par Jean-François Lisée, et étiqueté avec , . Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !