On a appris que Donald Trump avait eu un éclair de, disons, sans-génie, en demandant si on pourrait repousser les ouragans en leur balançant une ou deux bombe nucléaire. Ses experts ont répondu non. Et on s’est payé sa tronche sur les internets.
Au moins, il cherche des solutions. Et, comme je l’ai écrit dans ce texte que je sors de mes archives, il n’est pas le seul à l’avoir fait.
Il y a une dizaine d’années, le Pentagone a lui aussi eu une idée. Il voudrait dépenser 100 milliards de dollars pour empêcher des missiles nucléaires de nous tomber sur la tête, à nous, et par conséquence sur les ouragans. Mais la technologie n’a jamais été au point. Dans des tests, le Pentagone n’a réussi à arrêter que cinq (faux) missiles sur huit, même en trichant et en sachant exactement où et quand ils allaient passer. C’est fâcheux car, comme le disait un slogan vu sur les pare-chocs il y a quelques années : « un seul missile nucléaire peut vous gâcher toute votre journée ».
Depuis que les missiles nucléaires existent, aucun d’entre eux ne nous a été envoyé. C’est sans doute que les expéditeurs potentiels, qui seraient immédiatement identifiés, seraient dans les 20 minutes qui suivent annihilés par la riposte américaine.
Cependant, le sol étasunien est maintenant régulièrement la cible de forces de destruction massive qui ne cachent ni leur provenance, ni leur détermination à perturber l’économie, le tourisme, les transports, et à empoisonner la vie de centaine de milliers de citoyens innocents, dont un bon nombre de paisibles retraités.
Ces brutes font voler en éclat des villes entières, causent des centaines de millions de dollars de dégâts et tuent des milliers de personnes.
On connaît les auteurs de ces méfaits. On a leur photo, on a même leurs noms : Katrina, Irma, Dorian et les autres. (La désignation des ouragans se fait par ordre alphabétique, alternant des prénoms féminins et masculins. Un jour, à la lettre « D », le seul prénom encore disponible sera « Donald ».)
Dans la revue Scientific American, le professeur Ross Hoffman, financé par la NASA, a déjà formulé plusieurs suggestions pour arrêter ou contrôler ces ouragans. Ces méthodes ont le mérite d’être aussi coûteuses et, pour l’instant, d’une efficacité aussi peu prouvée que le bouclier anti-missile. Mais au moins, elles s’adressent à un danger réel.
D’abord, il faut lutter contre le mal à la source. Les ouragans se forment parce que la mer des Caraïbes et l’Atlantique jusqu’à la côte africaine ont une température plus chaude en fin d’été (et anormalement chaude avec le réchauffement…).
Premier remède : refroidir la mer. Malheureusement, même si la marine américaine au grand complet traînait des dizaines d’icebergs du pôle sud vers les Caraïbes, la masse océanique à refroidir est trop grande : 1,7 millions de km2! On pourrait cibler les seuls endroits où les cellules orageuses se forment, soit 300 à 400 km2, mais même en larguant des icebergs, le mal est déjà fait quand la cellule apparaît.
Hoffman propose plutôt de réduire l’évaporation de l’eau en répandant sur les zones clés une mince couche d’huile biodégradable. Le procédé a déjà été utilisé sur des cultures. Difficile à utiliser pour prévenir la création d’ouragans (la zone est trop grande), l’huile pourrait cependant être répandue sur leur trajectoire, les privant ainsi d’une partie de leur carburant. Si seulement les ouragans pouvaient ne pas constamment changer d’avis sur la route à suivre ! Évidemment il y a le détail de tout le fuel consommé par les avions devant répandre cette huile, provoquant une pollution qui alimenterait le réchauffement planétaire, lui-même accusé d’avoir augmenté la température de l’océan.
Parlant de pollution, Hoffman pense qu’on pourrait encadrer la trajectoire d’un ouragan en faisant passer des avions et leurs traînées de condensation (les lignes blanches) à des endroits stratégiques, réduisant sa marge de manœuvre. Si l’armée de l’air américaine est à notre disposition, pourquoi pas ? Ils doivent s’entraîner quelque part de toute façon.
Si rien de tout cela ne fonctionne, restent les grands moyens. L’ouragan se concentre grâce à la différence de température entre sa masse, plus chaude, et l’air ambiant, plus froid. Plutôt que de refroidir la mer, réchauffons l’air, dit Hoffman. Des miroirs solaires en orbite autour de la terre pourraient renvoyer la chaleur au bon endroit, soit pour affaiblir l’ouragan, soit pour en modifier le trajet. L’inconvénient de cette proposition est que ce réchauffement ponctuel s’ajouterait aux autres réchauffements, et on avait compris qu’il fallait, globalement, plutôt moins de chaleur que plus.
Ceux qui ont vu tous les James Bond ont constaté que des Nord-coréens fictifs pouvaient faire beaucoup de destruction massive avec un miroir en orbite. Mais l’avantage de la proposition est justement que Washington pourrait l’utiliser pour cibler les missiles nucléaires ! Après tout, la saison des ouragans ne dure qu’un temps.
(Ce texte est remanié de mon petit bouquin facétieux Troisième millénaire: bilan final ! Pour les intéressés, il est disponible ici.)
Un extrait de ma dernière balado:
La démission qui vous coûte 600 000 $
Un peu déçu d’avoir payé 19,95 $ en 2011 alors que j’aurais pour 14,95 seulement, avoir attendu.
Par contre, la dédicace à elle seule vaut bien 5,00 $, elle me souhaite un troisième millénaire rigolo et florissant. C’est bien parti pour ça mais je doute que ça durera proche 1000 ans.
Florissant et rigolo millénaire à La boite à Lisée (1995).