Pourquoi je ne suis pas au TJ ce soir

cpgen00362_450__2-150x150Depuis quelques mois je participais, le jeudi soir, à une table d’analystes au Téléjournal.

L’équipe du TJ avait choisi quatre personnalités indépendantes, mais identifiées chacune à une famille politique. L’ancienne ministre libérale Liza Frulla, l’ancienne candidate NPD Anne Lagacé-Dowson, la journaliste conservatrice Tasha Kheiriddin, moi-même.

Ce mercredi matin, un membre de la direction de l’information m’a informé que je ne ferais plus partie de ce panel. Mon défaut:  ma décision d’accepter d’être membre du Comité de Pauline Marois sur la stratégie souverainiste, avec des universitaires, ex-hauts fonctionnaires et autres.

J’ai bien expliqué que j’agissais, là, comme personnalité indépendante, non rémunérée, que je ne dirigeais pas le comité ni n’en étais le porte-parole et que je n’étais pas lié par ses résultats. J’ai fait valoir que je trouverais normal que Liza Frulla, par exemple, soit appelée par les Libéraux à faire partie d’un comité de sages sur leur propre réflexion, culturelle ou politique, dans la mesure où elle conserve son indépendance, est bénévole et n’assume pas de responsabilité autre que de donner son avis.

Mais la décision de la direction de Radio-can était prise et il n’était pas question d’y revenir. Ayant été bien élevé, je réponds aux invitations qu’on me fait et qui m’intéressent et, lorsqu’on me désinvite, je salue poliment et me retire.

Radio-Canada a parfaitement le droit de tirer la ligne là où elle le juge éthique et utile. Certains diront que la maison tire généralement des lignes plus fermes lorsqu’il s’agit de souverainistes. Ayant, il y a quelques années, signé dans L’actualité une enquête intitulée « Ici Radio-Ô-Canada », je suis mal placé pour dire le contraire.

La pression que fait subir le gouvernement conservateur sur les budgets radio-canadiens induit-elle aussi une prudence plus tatillonne ? C’est possible, mais difficile à déterminer. On sait, en tout cas, que l’atmosphère dans la maison est glauque, à l’approche de nouvelles compressions.

Pour ma part, je souhaite bonne chance à mes ex-collègues du panel et à Céline Galipeau. Nous formions une belle équipe. Bonne chance aussi au souverainiste qui me remplacera. Un conseil: qu’il se tienne loin des comités !

Ce contenu a été publié dans Radio-Canada, Sur le blogueur par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !