PQ: Les cancres du putsch !

lenin5-150x150Il y avait une tradition au PQ. Les putschs étaient réussis. Les traditions se perdent.

Quand, au lendemain de la mort de René Lévesque, le député-poète Gérald Godin a tiré sur Pierre-Marc Johnson, ce dernier a pris la poudre d’escampette. Quand la poussée s’est faite contre André Boisclair, le jeune chef a pris un aller-simple pour l’exil politique.

C’est vrai aussi chez les Libéraux. À Québec, Claude Ryan s’est fait montrer la porte par ses députés et son parti. À Ottawa, Jean Chrétien a laissé la place, lorsqu’il fut convaincu qu’il aurait moins de 50% des voix à son vote de confiance.

Pourquoi l’échec ?

Les traditions se perdent, vous dis-je. Les putschistes péquistes, version 2011, vont d’échec en échec. D’abord, ils s’y prennent mal.

Ceux des démissionnaires de juin dernier qui souhaitaient le départ de Mme Marois (Aussant, Curzi, officiellement; Lapointe, officieusement), se sont exclus du jeu en quittant le caucus.

On ne peut faire de révolution de palais lorsqu’on n’est pas dans le palais. Certains espéraient que l’onde de choc des démissions allait conduire le caucus péquiste à expulser Pauline Marois lors de la rencontre pré-sessionnelle des députés de la fin août au Saguenay. Des journalistes étaient convaincus de venir filmer « La mort en direct ». Ils ont du se contenter du clip: « Toujours vivant! ».

Les quatre putschistes de cette semaine avaient eu la bonne idée de mener la charge de l’intérieur. Malheureusement leur notoriété (vite, nommez-en deux) et leur capacité opérationnelle n’ont pas été à la hauteur. Ils ont du, à la fin de la journée psychodramatique et face à l’absence de ralliement de leurs collègues, se ranger, penauds.

Comment expliquer que les rebelles d’aujourd’hui n’arrivent pas à répéter les exploits des rebelles d’hier ?

Résilience oui, recours, non

J’avance deux raisons fortes.

D’abord, aucun des chefs qui sont tombés précédemment n’avaient la résilience de Pauline Marois. On ne l’aurait pas dit a priori, mais force est de constater, a posteriori, que c’est le cas.

Tous ces événements, depuis juin, sont évidemment catastrophiques pour elle, son parti, sa (notre) cause. Mais dans l’épreuve de force qui se joue entre elle et ceux qui ne veulent pas d’elle, Mme Marois a démontré que sa colonne vertébrale était d’un alliage où se trouve, disons, 93% de fer.

C’est pourquoi je suis certain qu’elle sera chef du PQ au moment de fêter l’arrivée du nouvel an et qu’elle le sera également, fort probablement, le jour de l’élection générale.

L’autre raison tient à l’absence de recours. Les citoyens qui sont a l’extérieur du PQ peuvent bien penser qu’un autre ferait mieux qu’elle — ce qu’ils ont dit clairement à des sondeurs récemment au sujet de Gilles Duceppe.

Cependant ils n’ont pas, aujourd’hui, voix au chapitre. Pour qu’un remplacement ait lieu, il faut qu’un nombre significatif de députés le croient aussi. Or, pour l’instant, ce n’est pas le cas.

Gilles Duceppe, on le sait, se mérite le respect de la députation péquiste, mais très peu d’adhésion ou d’engouement. Plusieurs admettent qu’il donnerait au PQ une lune de miel dans les sondages mais peu misent sur une embellie durable.

De plus, ceux qui militent pour une autre façon de faire de la politique se reconnaissent mal dans celui qui a mené le caucus du Bloc québécois avec un sens aigu de la discipline

Oui, dans une élection au suffrage universel des membres actuels et nouveaux, Pierre Curzi et Bernard Drainville seraient compétitifs. Mais on trouve peu, ou pas, de députés actuels prêts à mener une charge putschiste pour leur ouvrir la voie.

D’abord, Curzi a creusé le trou dans lequel se trouvent les députés en démissionnant avec fracas. Il ne s’est pas fait beaucoup d’amis — surtout pas parmi ceux qui avaient accepté de taire leurs réserves et de le suivre dans ses propositions d’extension de la loi 101 au Cégep, par solidarité envers lui.

Le cas de Bernard Drainville est différent. Sa décision de publier seul, cet été, son cahier de propositions sur la rénovation politique a heurté beaucoup de sensibilités au sein d’un caucus qui souhaite être consulté sur tout par la chef, a fortiori par un de leurs collègues.

Tout cela pour dire qu’il est difficile de renverser un chef qui a autant de cran que Pauline Marois. C’est encore plus difficile lorsqu’on ne sait pas très bien par qui la remplacer.