Prix du groupe le plus prometteur: les jeunes députés péquistes

parizeauOn commence à peine à s’en rendre compte. Et il a fallu que l’aîné, fort du recul de l’âge, en fasse la remarque, pour que l’évidence devienne visible.

Des les premières pages de son livre Pour un Québec souverain, Jacques Parizeau écrit:

 

 

 

Quant à l’idée que l’indépendance du Québec est celle d’une génération et qu’elle disparaîtra avec elle, notons que des 51 députés actuels du Parti québécois, 34, donc les deux tiers, ont été élus pour la première fois soit en 2007, soit en 2008.

(Transparence totale: à l’internaute égaré sur cette page, je dois rappeler que, bien qu’indépendantiste indépendant, j’ai conseillé deux PM péquistes et suis proche de cette famille politique, avec laquelle je me chicane amicalement assez souvent, mais qu’il m’arrive de conseiller.)

Parmi les nouvelles recrues, il y en a des moins jeunes, évidemment, comme Pierre Curzi, le député le plus populaire au Québec. Mais on assiste au Parti québécois à une véritable marée montante. Et il faut distinguer en leur sein ceux qui ont déjà de la bouteille et ceux qui se font encore les dents. Parmi les premiers, le leader parlementaire, Stéphane Bédard (41 ans), élu depuis 11 ans, encensé cette semaine par l’analyste du Soleil, Gilbert Lavoie.  Bédard suit les traces de son père, Marc-André, l’ex-ministre de la justice de René Lévesque. Vient ensuite l’ex-journaliste Bernard Drainville (46 ans), aux accents populo-pédagogue. Studieux et intense, il y a chez lui de la graine de chef (et il le sait). J’ajoute dans cette catégorie des « jeunes aguerris » Nicolas Girard (36 ans), à qui le chroniqueur Michel David donne un A pour sa performance dans l’affaire des places de garderies liées à des donateurs libéraux (mais qui est talonné par Françoise David dans sa circonscription de Gouin). Ceux-là sont déjà audibles, sur la place publique.

Puis il y a le second banc de jeunes prometteurs. Dans la blogosphère souverainiste (beaucoup plus active que la fédéraliste, mais ces derniers doivent être sur les sites boursiers) circule depuis quelques mois l’ABCD de la souveraineté, des vidéos où les jeunes indépendantistes défendent, à leur façon, leur option.

Le A est pour Jean-Martin Aussant, économiste qui fut VP de Morgan Stanley Capital à Londres pendant deux ans (prenez note de la filière britannique dans cette génération d’indépendantistes, comme chez Parizeau). On a remarqué Aussant à cause de son échange de propos inopportuns avec Nathalie Normandeau cette dernière session. Mais il a une façon de réinterpréter les raisons économiques de la souveraineté, loin des questions de gains ou de pertes à-la-Legault, mais plutôt en termes de choix de politique économique. Voir notamment ce récent texte. Le C est pour Alexandre Cloutier (32 ans). Il a fait sa maîtrise en droit international public à Cambridge et est de tous les débats internes qui concernent la stratégie constitutionnelle.

Parmi cette troupe de jeunes brillants, on compte Véronique Hivon, 39 ans, juriste,  formée en planification de politiques sociales à la London School of Economics (qu’est-ce que je vous disais, sur la filière britannique). Pascal Bérubé (34 ans), un idéateur-né. Le baraqué et combatif Stéphane Bergeron (44 ans), qui a fait ses classes au Bloc, l’économiste brillant mais encore politiquement vert  Nicolas Marceau (45 ans) et le pas toujours sous contrôle mais toujours énergique François Rebello (39 ans). Je ne les nomme pas tous (Martin Lemay, 45 ans, etc) mais je dois ajouter le brillant Bertrand Saint-Arnaud, ex-gagnant de Tous pour un (mais il est quinquagénaire: 51 ans).

Il y en a même qui ont 25 et 26 ans (et les paraissent): les députés de Masson, de Terrebonne et de Saint-Jean. Globalement, le fait qu’il reste trois ans au mandat Charest est une bénédiction pour plusieurs des précités. Ils doivent creuser leurs dossiers, polir leur approche, gérer leurs égos et étendre leurs réseaux. Mieux vaut les voir trébucher maintenant, alors qu’ils sont ministres fantômes. Cela fait moins mal.

Mais ce réservoir de talent est considérable. C’est le futur gouvernement du Québec qui se fait sous nos yeux. Une Pauline Marois au pouvoir pourra mêler plusieurs de ces forces montantes aux valeurs sûres que sont entre autres Louise Beaudoin ou Agnès Maltais et les compétences qui n’attendent qu’un ministère pour se déployer comme celles de l’expert en questions sociales et d’enfance Camil Bouchard et de Lisette Lapointe, maintenant sortie de l’ombre géante de son mari.

On voit, on entend pousser la vraie seconde génération de souverainistes. A quoi les reconnaît-on ? Je trace la ligne ici: il s’agit de ceux qui n’avaient pas droit de vote au référendum de 1980. C’est le groupe politique québécois le plus prometteur.

Ce contenu a été publié dans Parti Québécois par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !