J’ai vraiment torturé Google, pendant une heure, pour retrouver l’extraordinaire mémo publié dans un magazine américain lorsque j’étais correspondant aux États-Unis. Je me souviens de ceci: il s’agissait d’un fonctionnaire de Washington qui répondait à un citoyen de l’État américain du Nouveau-Mexique au sujet d’une demande quelconque de service ou de subvention.
« Merci de nous avoir contacté » répondait le haut-fonctionnaire, très civil selon mon souvenir.
« Malheureusement, votre pays ne fait pas partie des États-Unis et, jusqu’à ce que ce problème soit remédié, vous n’êtes pas éligible à notre programme. »
Certes, le Nouveau-Mexique n’est pas un État américain aussi peuplé ou aussi connu que la Californie ou l’État de New York. Mais son territoire est dans l’Union depuis 1848 et l’État est formé depuis 1912. Encore aujourd’hui, le nombre d’Américains qui pensent que le « Nouveau Mexique » ne fait pas partie de leur pays (ou est le slogan moderniste du vieux Mexique) est suffisamment important pour que le New Mexico Magazine ait une rubrique mensuelle sur le sujet.
Quel rapport avec le Québec ? Le voici. Dans le quotidien anglophone The Record, le ministre québécois des relations intergouvernementales — donc celui qui est payé à plein temps pour parler avec le gouvernement fédéral et les autres provinces — a déclaré ceci:
«On dirait qu’Ottawa nous a oubliés. Au cours des trois derniers mois, nous avons été incapables de communiquer sur quoi que ce soit, et cela nous inquiète. L’an passé, nous avions une bonne relation. Maintenant, il n’y a rien d’autre qu’un malaise.»
Vous avez dit malaise ? Vincent Marissal, dans La Presse, ajoute pour sa part:
Récemment, un autre ministre du gouvernement Charest m’a confié ne plus savoir quoi faire pour défendre sa position auprès de son homologue fédéral, qui ne le rappelle même pas! Difficile de régler les litiges dans de telles circonstances.
Je vous parle parfois dans ce blogue de la décanadianisation du Québec. Le fait que les Québécois se déterminent sans égard à ce qui se passe outre-Outaouais. C’est palpable.
Mais il y a aussi la déquébécisation du Canada. Le recul du bilinguisme institutionnel en est un symptôme. La montée de la monarchie aussi. Peu à peu, le Québec disparaît de l’écran radar.
Un ras-le-bol
Un sondage Léger/Quebecor de la semaine dernière fournissait d’ailleurs d’intéressantes données sur l’état du ras-le-bol canadien face au Québec.
C’est net, 43% estiment que le Québec est « un fardeau » (contre 39%), y compris 39% des Ontariens et 57% des Albertains.
Bien que la majorité de nos voisins préfèrent que nous restions dans la fédération, un impressionnant 61% estiment que le Canada « se porterait aussi bien ou mieux » si on déguerpissait ! (dont 69% en Alberta !)
C’est sans doute que 72% d’entre eux nous prennent pour d’éternels « insatisfaits »
Peut-être qu’un jour, un haut fonctionnaire fédéral répondra à un Québécois:
« Merci de nous avoir contacté, mais depuis l’élection du 2 mai 2011, le Québec ne fait plus partie du Canada… «